23 mai 2014

Le territoire des monstres


Margaret Millar
Traduit de l’anglais (Canada) par Jean-Patrick Manchette
Editions du Masque, 05-2014 (réédition, première publication en 1972 en France)

Résumé de l’éditeur :
Depuis un an, le mari de Devon, Robert Osborne, propriétaire d'une exploitation fruitière en Californie, a disparu. Le corps reste introuvable mais la présence de sang et d'un couteau dans un champ ne laisse que peu de doutes sur son décès. Du sang, on en a aussi retrouvé des litres, bus par le plancher de la cantine. On a dragué le cours d'eau, battu les collines de Tijuana, inspecté les ranches voisins : aucune trace, aucun indice. Une année entière de recherches pour rien. C'est pourquoi demain, au tribunal, le juge va déclarer solennellement que, le soir du 13 octobre, entre 20 h 30 et 21 h 30, Robert Osborne a été roué de coups. Et sans le moindre doute raisonnable, Robert Osborne est mort. Point final. Ou presque. Déterminée à faire son deuil, la veuve demande au juge de clore l'enquête et de déclarer Robert Osborne officiellement mort. Au fil de l'instruction, les révélations sur le couple et leurs employés mexicains se succèdent. Tandis que Devon essaie d'imposer son autorité au sein du ranch, l'étau se resserre peu à peu autour de la communauté mexicaine...
La chronique de PhH

Le Territoire des monstres est souvent considéré comme exemplaire parmi les romans de suspense psychologique. Il décrit sans concession aucune un contexte de racisme et de haine familiale. Le roman a pour cadre le sud de la Californie, tout prêt de Tijuana et de la frontière mexicaine, lieu de passage pour les migrants, parmi lesquels un grand nombre de clandestins. Ceux-ci vont s’embaucher dans les exploitations fruitières où ils seront terriblement exploités et déconsidérés.

Le roman est une chronique de cette partie des États-Unis qui « accueille » des milliers de mexicains et autres latinos dans les années 1970. Déjà, ces travailleurs sont vus comme une armée de fantômes affamés venus du côté aride de la frontière, ligne invisible tracée entre les anglo-saxons blancs propriétaires, et les ouvriers alambres basanés, entre ceux qui cultivent les fruits arrosés de leur sueur, de leurs larmes et parfois de leur sang, et ceux qui les mangent, ignorant l’existence et les conditions de vie de ceux qui les produisent. L’histoire racontée par Margaret Millard explore les relations complexes entre exploitants et exploités, l’évolution de ces relations avec l’âge des protagonistes les rendant parfois paradoxales, tout comme l’est l’ambiance familiale, tendue pour le moins, dans ces familles quasi dynastiques ou l’argent et la possession est le seul repère et le machisme une loi. On lit comment les enfants sont élevés selon qu’ils sont nés d’un côté ou de l’autre de la frontière, physique et géographique, mais qui s’hérite, ainsi que les privilèges ou asservissements afférents. On grandit ensemble puis l’un devient maitre et l’autre valet.

Portrait d’une forme d’esclavage moderne, la force du roman réside dans la description fidèle des situations et de cet équilibre basé sur l’injustice. l'écriture au ton faussement subtil est intransigeante et le suspens mené d'un bout à l'autre, suivant une courbe ascendante régulière jusqu'au dénouement.

PhH

20 mai 2014

Balles d'argent


Élmer Mendoza
Balas de plata
Traduit de l'espagnol (Mexique) par Isabelle Gugnon
Gallimard Série noire, 03-2011

Résumé éditeur :

Anéanti par une rupture amoureuse, dépendant de son psy, l'inspecteur Edgar Mendieta, alias Zurdo, le Gaucher, s'oublie dans un travail acharné. Il enquête sur le meurtre de Bruno Canizales, avocat aussi prestigieux que décrié pour sa vie dissolue et fils d'un ancien ministre de l'Agriculture, retrouvé la tête perforée d'une balle d'argent. Le téléphone de Mendieta ne cesse de sonner et l'inspecteur, harcelé par son supérieur, découvre que sa route est jonchée de nouveaux cadavres. Qui se cache derrière ces crimes? Les narcos? Les politiciens soucieux de nettoyer le terrain avant les élections? Les membres de l'étrange Petite Fraternité Universelle, dont Canizales faisait partie? Mendieta s'escrime à trouver les coupables et à faire son travail à grands coups d'adrénaline et avec une bonne dose d'humour. Il court les bars et les villas huppées, croise des journalistes et de charmantes lesbiennes pour finir par démêler un écheveau où convergent des intérêts divers. Mais il est le seul à vouloir réellement aller jusqu'au bout, sans doute parce qu'il n'a rien à perdre...

Voir sur le site de Gallimard
 
La critique de Philippe Lançon dans Libération

L’auteur mexicain rejoint ses fantômes parmi les narcotrafiquants

Elmer Mendoza a l’air d’un paysan trotskiste que la vie aurait raffiné avec une imperceptible joie. Il a 61 ans, il est fils de camionneur et ne milite dans aucun parti. Enfant, il fut élevé dans la maison de ses grands-parents, des paysans. En automne, les cyclones dévastaient tout. La nuit, il voyait les fantômes. Il les voit toujours et ne dort jamais lumière éteinte. Ils sont là, comme dans Pedro Páramo. Dans un de ses livres, Cóbraselo Caro (Fais-le payer cher), un restaurateur mexicain de Chicago, de retour au pays, ne se sépare jamais du roman de Juan Rulfo : « Quand je l’écrivais, je tombais chaque jour, dans l’escalier de la maison, sur le fantôme de Rulfo. Il me disait : tu dois travailler plus »...
Lire l'article dans Libération


Balas de plata
Tusquets editores, 03-2008

reseña editor :
Hundido por el abandono de la mujer a la que ha amado, y necesitado de psicoanalista, al agente Edgar «el Zurdo» Mendieta se le acumula el trabajo en cuanto se hace cargo del asesinato de Bruno Canizales, un prestigioso abogado con doble vida, hijo del ex ministro de Agricultura, al que encuentran con la cabeza perforada por una bala de plata. El teléfono del Zurdo no deja de sonar con las llamadas de su superior, que va anunciándole la aparición de nuevos cadáveres en tan sólo un par de días. ¿Quién hay detrás de todo ello? ¿Los narcos?, ¿los políticos alborotados ante las elecciones que se acercan?, ¿los miembros de la dudosa Pequeña Fraternidad Universal a la que pertenecía Canizales? La investigación, que no sin humor y adrenalina recorre antros y mansiones, y mezcla reporteros y bellísimas lesbianas, destapa un intrincado ovillo de perversos intereses, en el que el único realmente empeñado en ir hasta el fondo y, para variar, hacer justicia, es «el Zurdo» Mendieta. Tal vez porque ya no le queda nada que perder.
Leer en sitio Tusquets



19 mai 2014

L'épreuve de l'acide


Élmer MENDOZA
La prueba del ácido
Traduit de l’espagnol (Mexique) par René Solis
Editions Métailié, 04-2014

Résumé de l’éditeur :
Le détective Edgar Mendieta, alias Zurdo, le Gaucher, songe au suicide. Quarante-trois ans, un boulot de chien, pas de femme, pas même un petit divorce, et une très forte tendance à l’autoflagellation : allez trouver un sens à tout ça.
Pour couronner le tout, on le charge d’enquêter sur la mort d’une splendide strip-teaseuse, Mayra Cabral de Melo, qu’il a connue d’un peu trop près : une bombe aux yeux vairons, un couleur miel, l’autre vert, la seule à l’avoir traité avec indulgence, presque tendresse. La belle choisissait ses “amants” parmi les notables de Culiacán ; les pistes se multiplient, mais elles ne mènent nulle part. Zurdo est bon pour la tournée des night-clubs, cantinas et autres arrière-cours du Mexique contemporain, au moment où le gouvernement vient de déclarer la guerre aux narcos.
Dans une nuit perpétuelle, il s’enfonce dans les bas-fonds de la ville, entre les trafiquants d’armes, les politiciens véreux, les faux gringos, les vrais espions, les narcos tout-puissants et les danseuses paniquées. Il croise un collectionneur de guitares cassées (mais célèbres), le père du président des États-Unis, et retrouve Samantha Valdés, nouvelle boss du Cartel du Pacifique.
Pour Mendieta, l’heure n’est pas à la rigolade : Gris, son fidèle lieutenant, est en pleine crise amoureuse et pas vraiment dans son assiette ; son chef trouve que finalement il vaudrait mieux abandonner l’enquête ; lui n’arrive pas à mettre la main sur son psy et pleure son amour perdu. Pendant ce temps, la tequila coule à flots, les cadavres s’empilent, et son spleen n’est pas près de s’arranger.

Avec son style inimitable, Mendoza nous plonge dans un Mexique baroque et délirant, où on tutoie la mort à tous les coins de rue, entre deux verres. Un polar impeccable, avec tous les ingrédients du genre, plus une bonne dose d’humour et l’argot lyrique des truands latinos.
 Source : éditions Métailié



La prueba del ácido
Tusquets editores 2011


Reseña editor :

Vuelve el detective Edgar «el Zurdo» Mendieta, ahora comisionado para investigar el asesinato de la bailarina de prostíbulo, Mayra Cabral de Melo, a quien le mutilan un pezón. La pesquisa lo obligará a involucrarse más aún en el mundo del narco, que acaba de iniciar una guerra contra el Estado mexicano. El país es un polvorín. El Zurdo tendrá contacto con oscuros políticos, con un boxeador fracasado y con una reserva de caza donde el padre del presidente de Estados Unidos acaba de sufrir un atentado. Vivirá los peores días de su vida y se enfrentará al FBI, al contrabando de armas y a un tortuoso pasado que no lo deja en paz. Samantha Valdés, ahora convertida en jefa del Cártel del Pacífico, se reencuentra con el Zurdo y cerrará el círculo de sus peligrosas amistades. En este imposible rompecabezas, Mendieta irá vislumbrando la resolución del asesinato de Mayra.
Link Tusquets

7 mai 2014

Como agua para chocolate

Laura Esquivel
novela publicada en 1989

La chronique de Ch. B

Se trata de un encantador relato familia.
La historia ocurre en el rancho de la familia De La Garza en el norte de México a principios del siglo XX, durante la revolución de 1910.  El contexto violento de la época tiene un papel importante en la historia.

El libro comienza al nacer Tita en la cocina del rancho. La misma semana su padre fallece después de enterarse que su segunda hija nació de una relación extra conyugal. La madre, Mama Elena se queda viuda y educa  a sus 3 hijas con mano dura. Tita, la hija menor, tiene que seguir la tradición familiar y cuidar a su madre hasta su muerte y por lo tanto no podrá casarse.

Desde chiquita  el universo de Tita es la cocina. Nacha, la criada y cocinera del rancho, se vuelve su mejor amiga. Nacha le enseña sus recetas las más secretas que Tita experimentará a lo largo de su vida con resultados a veces sorprendentes !

En una cena donde asisten vecinos del rancho, Tita conoce a un hijo de ellos, Pedro y se enamora perdidamente de él. Lo trágico de la historia es que solo 24 años más tarde tendrá la oportunidad de expresar su amor.

Durante todos estos años ocurren diversos sucesos todos ligados a la pasión y a la gastronomía. Las recetas de Tita son mágicas e influyen sobre el curso de los eventos. La autora ha construido su relato de la siguiente manera: cada uno de sus doce capítulos  empieza con una receta típica del mes.
Laura Esquivel quiso también presentar la vida de un pueblo y la condición de la mujer así como el machismo y el amor en el México revolucionario."

La película epónima, adaptada de la novela chocolat amer, fue realizada por Alfonso Arau en 1992 y se llama en francés Les épices de la passion.

Christine B.


Chocolat amer
Laura Esquivel
Traduit de l'espagnol (Mexique)

publié en 1989

Une grande saga familiale.

L'histoire se passe dans la ferme de la famille De La Garza, dans le nord du Mexique, au début du 20e siècle, pendant la révolution de 1910. le contexte violent de l'époque a une grande influence sur le cours du récit.

Le livre commence avec la naissance de Tita, dans la cuisine de la ferme. La même semaine, son père meurt après avoir appris que sa seconde fille était née d'une relation extraconjugale. la mère, Elena, se retrouve veuve et élève ses trois filles de façon autoritaire. Tita, la plus jeune, devra suivre la tradition familiale et se consacrer à sa mère jusqu'à sa mort, et ne devra donc pas se marier. Depuis toute petite, la cuisine est l'univers de Tita. Nacha, la servante et cuisinière de la maison, devient sa meilleure amie. Elle enseigne à Tita ses recettes les plus secrètes qui les expérimentera tout au long de sa vie, avec des résultats parfois surprenants. Lors d'un diner auquel des voisins participent, Tita fait la connaissance d'un des fils, Pedro, et tombe éperdument amoureuse de lui. Le tragique de l'histoire est qu'elle ne pourra exprimer cet amour que 24 ans plus tard. Pendant toutes ces années, surviennent des évènements liés à la passion et à la gastronomie. Les recettes de Tita sont magiques et influent sur le cours des choses. L'auteur a construit son récit en faisant débuter chacun des douze chapitres par la typique recette du mois.

Laura Esquivel décrit également la vie d'un village et la condition féminine ainsi que le machisme et l'amour dans le Mexique révolutionnaire.

Le film éponyme, adapté de la nouvelle, a été réalisé par Alphonse Arau en 1992, traduit en français sous le titre Les épices de la passion.

Christine B.


Présentation de l'éditeur (Gallimard Folio) :
Dans le Mexique du début du siècle, en pleine tempête révolutionnaire, Tita, éperdument éprise de Pedro, brave les interdits pour vivre une impossible passion.
À cette intrigue empruntée à la littérature sentimentale, Laura Esquivel mêle des recettes de cuisine. Car Tita possède d'étranges talents culinaires : ses cailles aux pétales de rose ont un effet aphrodisiaque, ses gâteaux un pouvoir destructeur. L'amour de la vie est exalté dans ces pages d'un style joyeux et tendre, dont le réalisme magique renvoie aux grandes œuvres de la littérature latino-américaine.

Ce qu'en dit Roberto, du site Librairie Hispa :
Si une citation pouvait coller à ce livre ça serait celle de l’écrivain Agueev : « Les charmes d’un corps de femme qui enflamment les sens sont comme les odeurs de cuisine - excitants quand on a faim, répugnant quand on est rassasié. ». Le roman de Laura Esquivel a été un énorme succès littéraire mais il faut dire que mêler cuisine à la passion amoureuse d’une si belle façon explique que ce récit soit devenu un classique de la littérature contemporaine mexicaine.
Tout réside dans le titre car l’expression « estar como agua para chocolate » signifie être sur el point d’exploser de rage ou de passion amoureuse. Comment ne pas déguster ce roman si bien écrit. Vraiment on savoure chaque page du livre au fur et à mesure des recettes de chaque chapitre. Dans un style précis avec une écriture simple mais réussie, Laura Esquivel nous emmène dans son histoire sans s’en rendre compte. Véritable critique de la condition de la femme mexicaine, mais également récit sur la révolution mexicaine et sur l’amour de ce pays qui est le sien, elle parvient à nous titiller les papilles tout en nous ouvrant les portes de son imagination. Forcément cette fois-ci je ne vous dirai pas de vous jeter dessus mais de bien déguster chaque page du récit qui ne peut vous donner que l’eau à la bouche bien évidemment…