28 novembre 2016

FRIDA

Benjamin Lacombe
Sébastien Perez

éditions Albin Michel, 11-2016

L’une des plus grandes figures de l’art mexicain du XXe siècle inspire Benjamin Lacombe et Sébastien Perez pour leur nouvelle collaboration.
Pour lui rendre hommage, Benjamin Lacombe propose une immersion inédite dans le processus créatif de l’artiste. Une succession de pages découpées et un texte poétique nous entraînent dans les profondeurs de l’âme de Frida Kahlo. À la manière d’un recueil de pensées, le livre explore les thématiques qui sont chères à Frida : l’amour, la mort, la terre, les animaux…
Sébastien Perez insère dans son texte des phrases extraites des correspondances de Frida pour restituer de la façon la plus sincère et vraie ce que l’artiste ressentait « par-devers elle et face à elle ».

Un superbe album à la construction originale, pour faire découvrir l'univers de Frida Khalo aux enfants et aux plus grands, à travers sa vie tourmentée et tumultueuse, les tableaux composant son œuvre conditionnée par son état de santé fluctuant, et son environnement apaisant dans la casa azul à Coyoacan.

Voir la fiche de l'album sur le site d'Albin Michel
Le site de Benjamin Lacombe
La biographie de Sébastien Pérez
Le trailer de l'album


PhH

20 novembre 2016

JUAREZ - Spectacle chorégraphique - débat

JUAREZ

La ville qui tue les femmes

Vendredi 25 novembre – 21h
Samedi 26 novembre – 19h

ENTREE LIBRE


Le Trioletto accueillera les 25 et 26 novembre 2016 un spectacle chorégraphique de la Cie Lasart qui se concentre sur le ressenti des femmes de Juarez. Et parce que la danse ne peut pas tout dire de cette réalité complexe, le spectacle est suivi d’un débat. Le 25 novembre est également la journée internationale pour l’élimination des violences faites au femmes.

Marc Fernandez
Journaliste, Marc Fernandez a longtemps été chargé de suivre l’Espagne et l’Amérique latine pour Courrier International. Il est l’auteur avec Jean-Christophe Rampal du livre « La ville qui tue les femmes, enquête à Ciudad Juárez », publié en 2005 aux éditions Hachette. Ils ont réalisé ensemble sur le même thème le webdocumentaire.


 

13 novembre 2016

La file indienne

Antonio Ortuño
Traduit de l'espagnol (Mexique) par Marta Martinez Valls
éditions Christian Bourgeois
11 - 2016

Irma, assistante sociale à la Commission nationale de migration (Mexique), doit annuler ses vacances à Disneyland avec sa fille pour aller s'occuper d'un groupe de migrants victimes d'une violente agression à Santa Rita. Que lui réserve ce voyage inattendu ? Pourra-t-elle venir en aide à Yein, une jeune Centraméricaine qu'elle prend sous son aile ? Quelles sont les réelles intentions de Vidal, son collègue ? Joël Luna, un journaliste ambitieux, est-il si honnête qu'il y paraît ? Et enfin, qu'en est-il de son ex-mari ? 

La File indienne est un polar dont l'intrigue évolue en enfermant l'héroïne dans un huis clos où les frontières entre le bien et le mal se délitent progressivement.


Un albergue, en el que permanecen algunos migrantes centroamericanos luego de huir de los abusos de sus transportadores, es víctima de un ataque sorpresa. Se cierran bien las puertas y se lanzan bombas hechas en casa para provocar un incendio que cobra muchas vidas. Es por este atentado que llega una funcionaria, Irma, a Santa Rita, el pueblo que será el escenario de la historia. Irma, la Negra, es una de esas mujeres sensibles y acomplejadas que consideran, como parte de su deber y sin importar las consecuencias, salvar a alguien en apuros. Es así como se relaciona con Yein, panameña víctima (en varias ocasiones) de violencias y atentados, personaje enigmático, sediento de venganza, que moverá los nudos de la historia. Leer la reseña de Alicia Escarcega Freixas.

L'auteur
Né près de Guadalajara (Mexique) en 1976, Antonio Ortuño est considéré comme l'un des écrivains mexicains les plus prometteurs. Auteur de plusieurs romans lui ayant valu différentes distinctions ainsi que de recueils de nouvelles, Ortuño s'intéresse surtout à l'actualité politique de son pays. L'ensemble de ses récits porte sur la corruption ou la tension qui règnent au Mexique.

Source éditions Christian Bourgeois

5 octobre 2016

Le jaguar sur les toits

François Arango
éditions Métailié, 2011

Le cœur de l’homme d’affaires enlevé a été restitué à sa famille. Il a été arraché de sa poitrine selon la tradition des sacrifices aztèques, il est posé sur un socle portant le dessin d’une feuille mystérieuse. Des messages arrivent qui utilisent le calendrier aztèque et les vers d’un roi-poète pour annoncer les meurtres à venir. Des hommes politiques sont enlevés et sacrifiés. Le suspect boiteux porte le nom d’un botaniste mort depuis des siècles, les autorités du pays font preuve d’une mauvaise volonté manifeste.

La police ne mettant pas toute l’énergie nécessaire à la résolution de ces énigmes, les recherches sont menées par un trio d’enquêteurs. Dans un gigantesque jeu de piste à travers la ville de Mexico et ses sites archéologiques, ils vont croiser un hippie spécialiste des plantes médicinales de la forêt lacandone, un vieil Américain qui dit avoir connu Zapata, et des Indiens qui ne vieillissent pas.
Ce magnifique thriller qui plonge dans les racines de la culture mexicaine nous révèle les secrets de la mort programmée des cellules, parle de la nécessité de protéger les savoirs et les patrimoines botaniques indiens et nous fait vivre des aventures ébouriffantes sous la conduite d’un nouvel auteur, au style solide et brillant, fin connaisseur et amoureux du Mexique.


L'auteur
François Arango est né en 1964. Il a fait des études au Mexique, auteur de livres et d’articles scientifiques. Le jaguar sur les toits est son premier roman pour lequel il a obtenu le Prix Goéland masqué 2012.

Source : éditions Métailié

25 septembre 2016

La ville qui tue les femmes : enquête à Ciudad Juarez


Marc Fernandez, Jean-Christophe Rampal
Hachette Littératures, 2005

La ville de Ciudad Juarez, située dans l'État de Chihuahua au Mexique, à la frontière avec les États-Unis, est aujourd'hui tristement célèbre. C'est « la cité des mortes », la ville qui tue les femmes. Depuis 1993, près de 400 femmes y ont été assassinées, on y dénombre encore plus de 500 disparues, et les crimes continuent aujourd'hui à un rythme infernal de deux victimes par mois (*).
Or depuis le début de ces crimes, de nombreux suspects ont été arrêtés, voire même emprisonnés, mais les autorités n'ont toujours pas pu identifier les responsables de ces meurtres. Marc Fernandez et Jean-Christophe Rampal sont allés mener l'enquête. Ils en ont tiré un livre. Ils ont tenté d'explorer toutes les pistes du dossier, et elles sont nombreuses.

Car Ciudad Juarez est une ville frontalière. D'un côté, elle accueille donc les entreprises américaines et multinationales, qui installent leurs fameuses maquiladoras dans sa Zone Franche Industrielle. Ces usines attirent les populations pauvres de tout le pays à Ciudad Juarez, et embauchent principalement des femmes, ce qui crée une situation dans laquelle c'est la femme fait vivre le foyer, ce qui pourrait potentiellement expliquer une augmentation du taux de violence conjugale. Mais d'un autre côté, Ciudad Juarez est également un lieu de passage du Mexique vers les États-Unis. Elle attire donc les candidats à l'immigration clandestine, ainsi que leurs passeurs. Mais elle est également un lieu essentiel du trafic de drogue. Narcotrafiquants et cartels de la drogue y règnent en maîtres. Et là encore, les femmes sont les premières victimes collatérales de ce trafic, utilisées comme primes pour les passeurs ou les clients potentiels. Mais ce que pointe surtout ce documentaire, c'est le caractère insoluble de ces crimes : l'aveuglement des autorités, la corruption, le rôle plus que trouble de la police et de l'appareil judiciaire font que toute enquête semble par avance vouée à l'échec. Disparition de preuves, conclusions bâclées, aveux extorqués, les enquêtes piétinent et les disparitions continuent.

Le documentaire de Marc Fernandez et Jean-Christophe Rampal est donc un état des lieux, très pointu et très exigeant, qui ose poser les bonnes questions et pointe toutes les erreurs plus ou moins volontaires qui permettent depuis 1993 à Ciudad Juarez d'être la ville mondiale du féminicide. Les auteurs, sans tomber dans le pathos, prennent les faits au corps et mettent à plat les tenants et les aboutissants de l'ignominie sociale qui réduit les femmes à l'état de marchandise et rendent compte de la perversité de cette ville-frontière, royaume de la drogue et de la corruption, véritable laboratoire de la mondialisation sauvage.


* Les médias mexicains et internationaux s’étaient emparés du drame des «mortes de Juarez» à la fin des années 1990 et au début des années 2000, alors que des corps de jeunes filles mutilées, portant des traces de sévices sexuels étaient régulièrement retrouvés dans le désert qui cerne la ville. Puis, le drame des féminicides, comme on dénomme ces crimes sexistes, avait disparu des projecteurs au moment même où il s’aggravait. De 2008 à 2012, Ciudad Juarez était le théâtre d’affrontements sanglants entre cartels de narcotrafiquants, un conflit qui a laissé 11 000 morts, corps gisant sur le bitume ou pendus aux ponts. Ces années-là, la « ville la plus violente au monde », selon certains classements, n’avait que faire des femmes disparues et assassinées. De 1993 à 2013, 1441 meurtres de femmes ont été commis à Ciudad Juarez, selon le centre universitaire Colegio de la Frontera Norte, qui se base sur des statistiques officielles. Les deux tiers de ces féminicides ont été perpétrés après 2008. Une centaine de dossiers de disparitions de jeunes filles restent ouverts auprès du Parquet spécialisé dans les crimes contre les femmes. Et le phénomène s’aggrave de jour en jour : six adolescentes de 13 à 16 ans ont disparu durant les deux premiers mois de 2016. L’hypothèse de captures par les réseaux criminels, dont l’existence a été démontrée, qui exploitent sexuellement des jeunes filles avant de les liquider, est prise au sérieux.


Sur ce sujet, voir : Mexique : le drame sans fin des femmes disparues (TV5Monde 8 mars 2016)
http://information.tv5monde.com/info/mexique-le-drame-sans-fin-des-femmes-disparues-94031

4 juin 2016

L'armée des pauvres

Bruno Traven
éditions du Cherche Midi, 11-2013

 

Résumé

Mexique, début du XXe siècle. Juan Mendez, un jeune chef indien, révolté par les conditions de vie inhumaines des péons qui travaillent dans les plantations d'acajou pour de riches propriétaires terriens, décide de lever une armée. Une armée de pauvres, de paysans illettrés, en haillons, affamés, qui, en dépit de leur faiblesse, vont aller de petites victoires en petites victoires, prenant d'abord quelques fermes avant de marcher, toujours plus nombreux, sur des villes de plus en plus importantes. Cette révolte inquiète bientôt le pouvoir central du dictateur Porfirio Díaz, qui va envoyer les troupes gouvernementales à l'assaut du «général de la jungle» et de son armée de péons.On retrouve dans ce roman inédit de Traven, écrit en 1937, tout l'humanisme et le talent de l'auteur. Jamais manichéen, il restitue avec une grâce inouïe toute la complexité de son sujet, n'ignorant aucun aspect de cette révolte, profondément inspirée de l'aventure d'Emiliano Zapata : sens de l'histoire, mouvements sociaux, culture indienne, dictature, racisme, esclavage par dettes, corruption du pouvoir, etc. Surtout, Traven montre la même compassion pour les opprimés et pour les oppresseurs, tous victimes finalement des mêmes mécanismes de domination, au-delà desquels l'auteur excelle à mettre en relief l'humanité meurtrie.

 



12 mai 2016

Narco football club


Marc Fernandez Jean-Christophe Rampal
Moisson Rouge, 2008
Le livre de poche, avril 2016

Résumé éditeur

Mexique, jour de finale de la Copa Libertadores qui couronne le club de foot champion d'Amérique Latine. Un match à haut risque, qui oppose pour la première fois à ce niveau de la compétition les équipes rivales de la frontière, les Chacals et les Coyotes, toutes deux aux mains des cartels de la drogue. Quelques heures avant le coup d'envoi, le cadavre de l'entraîneur des Chacals est retrouvé dans un terrain vague, enroulé dans un tapis. La signature des narcos ; l'étincelle qui enflamme les hordes de supporters surexcités. Dans une ville en état de siège, ambiance de capitale après un putsch, une équipe de superflics est dépêchée en urgence pour résoudre l'affaire avant que la situation ne devienne incontrôlable. La mainmise des cartels sur la société mexicaine et la folie homicide des narcos n'épargnent pas les stades. Présidents véreux, tueurs à gages, matchs et paris truqués, joueurs achetés et flics pourris, la corruption règne partout. A l'heure du foot business, Rampal et Fernandez nous offrent un roman alerte et documenté qui nous plonge dans les coulisses du pouvoir et les bas-fonds du sport roi.

Marc Fernandez est journaliste au courrier international. Jean-Christophe Rampal est rédacteur en chef du magazine Ulysse. Narco Football Club est leur premier roman.



22 avril 2016

El guido del crevardo

© Camille Burger – Éditions Audié
Camille Burger
Fluide Glacial, 04 – 2016
96 pages – 17 €

Voyage, voyage...

Fascinés par les mariachis, le guacamole et les sombreros, trois français au budget plus que réduit partent au Mexique durant 5 semaines sans parler quasiment le moindre mot d’espagnol. A peine quelques euros en poche, une soif inextinguible de bière (cervesa !), un vocabulaire limité, rudimentaire (cervesa por favor !), ils débarque au Distrito Federal, aujourdui, Ciudad de Mexico.

¡ Bienvenidos a Mexico !

Nos routards 2.0 sont à pied d'œuvre pour vous faire découvrir le Mexique d’une façon dont aucun guide ne vous parlera jamais. Ce parcours sinueux et chaotique est avant tout une escapade au pays du Tequila et accessoirement à celui des aztèques, mayas, mixtèques, olmèques, toltèques, zapotèques, Quetzalcóatl, Moctezuma, chols, huichols, lacandons, nahuas...

© Camille Burger – Éditions Audié
Le ton est donné dés le titre avec sa mauvaise traduction volontaire. El guido au lieu de La guía et crevardo pour crevard, ce dernier étant un routard aux capacités économiques très réduites. Il en résulte un vrai road-movie 100 % destroy, une bd déjantée sur un pays surréaliste. Camille Burger a parcouru le Mexique avec sa bande de copains et est revenue à Paris un carnet de croquis bien rempli. Elle partage ses inoubliables aventures dans cet ouvrage enthousiasmant, entre roman graphique et carnet de voyage, un guide contenant tous les endroits que personne n'a pensé à noter avant ! L'album s'articule autour de l'itinéraire des voyageurs, Mexico, Puebla, Oaxaca ... et des lieux visités, le Zocalo, la Condesa, Chapultepec, mercado Sonora, Cholula .... Chaque étape est pimentée des anecdotes, des clichés ou des ressentis de chacun, locaux ou touristes. On trouve en plus quelques pages dédiées à l'histoire du Mexique, à ses traditions et à sa culture, tequila, lucha libre, révolution, et à ses spécialités alimentaires. La critique du café de olla est un modèle de mauvaise foi. Si on peut reprocher au café americano, tel que le boivent les mexicains, un manque de de force et de saveur, le café de olla avec cannelle et piloncillo est un incontournable, même si sa qualité dépend du lieu ou il sera commandé. Au café El Jarocho on est jamais déçu.
© Camille Burger – Éditions Audié

Ce qui ont déjà voyagé au Mexique retrouveront à coup sur dans ce guide quelques savoureux souvenirs. Ceux qui envisagent de s'y rendre y trouveront d'intéressantes présentations d'informations incontournables.

Voir les détails de l’album sur le site de Fluide Glacial

PhH
© Camille Burger – Éditions Audié

10 avril 2016

Santa


Federico Gamboa
Ed. Fondo de Cultura Económica, 2006
Biblioteca Universitaria de Bolsillo

Escrita en 1903, esta novela no es producto de las lecturas sino de la experiencia directa del autor, que retrata la vida nocturna, las tertulias, las fiestas y los arrabales de la capital mexicana que le tocó vivir. A través de la historia de una campesina que se convierte en prostituta, Gamboa nos lleva por una ciudad pecaminosa y oscura. A diferencia de Naná de Zola, a quien el autor mexicano conoció en 1893 y de quien recibió una influencia determinante para su obra, Santa provoca compasión y no odio.

Roman écrit en 1903, Santa est le fruit des lectures et surement des expériences de l’auteur mexicain Federico Gamboa qui, dans ce roman, relate la vie nocturne, les fêtes, l’animation des faubourgs de la capitale mexicaine. C’est la triste histoire d’une paysanne expulsée par sa famille qui, sans savoir où aller, décide de commencer une nouvelle vie dans une société qu’elle méconnait. Elle y trouve la facilité et le libertinage qui tôt ou tard lui couteront la vie. A la différence du roman « Nana » d’Emile Zola, qui a fortement influencé l’œuvre de Gamboa, Santa provoque de la compassion à son lecteur.

A plus d’un siècle de distance, les situations et les sentiments restent les mêmes : la douleur et la misère mais aussi le pardon et la bienveillance.

Christine Bertheuil

2 avril 2016

Ruines

© Çà & Là – Peter Kuper
Peter Kuper
Editions Çà & Là,  11-2015
330 pages couleurs, 28 euros

Ruines est le cinquième ouvrage que Peter Kuper publie chez çà et là. Il met en scène deux trentenaires new-yorkais, qui vont tenter de sauver leur couple au bord de l’implosion en venant passer une année sabbatique à Oaxaca, une petite ville provinciale mexicaine, au cœur de l’héritage historique et architectural des anciennes civilisations d’Amérique centrale et des traces laissées par les Conquistadores. Mais Oaxaca est en révolte. La population accuse son gouverneur, Ulises Ruiz Ortiz, d’avoir truqué son élection, de détourner l’argent public à son profit et d’avoir mis en place un vaste système de corruption. George et Samantha se retrouvent confrontés à une double crise : celle de leur relation affective, et la crise politique que connaît la ville au moment où des manifestations d’enseignants sont violemment réprimées par le gouverneur local. En fil rouge de ce récit et symbole de cet aller sans retour pour l’un des protagonistes, Peter Kuper suit la migration d’un papillon monarque depuis les États-Unis jusqu’à la région d’Oaxaca pour se reproduire, un parcours de plus de 4000 km qui est aussi l’occasion pour l’auteur de montrer les ravages causés par l’homme sur son environnement.

© Çà & Là – Peter Kuper

Peter Kuper s’inspire largement des deux années qu’il a passées avec sa femme dans la ville d’Oaxaca, au sud du Mexique, et du soulèvement populaire dont ils furent témoins en 2006. Ruines capte magistralement les ombres et la lumière d’un pays à la fois soumis à d’énormes tensions internes et fermement ancré dans son histoire et sa culture, tissant ensemble drames personnels, politiques et écologiques, dans un portrait passionnant de la vie au sud du Rio Grande*. Mêlant conflits sociaux, crise de couple et destin de papillons, l’auteur livre une œuvre sensible et esthétiquement superbe. Le récit est avare de dialogues, le dessin suffit à rendre les situations et les émotions, et à faire surgir les interrogations. Peter Kuper s’approprie l’iconographie des civilisations perdues et celle du Mexique contemporain.

Ruines a reçu le prix Millepages 2015

© Çà & Là – Peter Kuper
 Source Éditions Çà & Là

Du même auteur : Deux ans au Mexique

5 mars 2016

Les temps perdus

Juan Pablo Villalobos
traduit de l'espagnol (Mexique) par Claude Bleton
Actes sud, 02-2016

Après une dure vie de labeur à vendre des tacos douteux dans le centre de Mexico, Teo coule une retraite pittoresque dans un vieil immeuble délabré qu’il partage avec une dizaine de congénères et une impressionnante légion de cafards. Indépendant et fantasque, il refuse obstinément d’intégrer le cercle de lecture du troisième âge initié par la sémillante Francesca, objet de tous ses fantasmes. Il n’a pourtant échappé à personne qu’il est probablement écrivain, puisqu’il passe son temps à noircir des carnets. Converti en ennemi public no 1, il détient, fort heureusement, une arme imparable : la Théorie esthétique d’Adorno, véritable bijou multi-usage, paradigme vital tout aussi efficace pour chasser les vendeurs importuns et exterminer les blattidés hostiles que pour river le clou à des vieillards décatis obnubilés par leurs ateliers de macramé, de modelage en mie de pain ou d’analyses de haute volée sur La Recherche du temps perdu.

Entre querelles de voisinage hilarantes et pulsions érotiques déjantées, l’auteur embrasse trois quarts de siècle de l’histoire du Mexique avec révolution et contre- révolution, crimes d’État, corruption, assassinats, disparition et marginalité.

Une irrévérence affirmée, instructive et salutaire.

Source : éditions Actes sud

14 février 2016

Churubusco


Andrea Ferraris
Editions Rackham, 02 - 2016
200 pages en noir et blanc et en couleur - 20,00 €

An 1847. Résolus à s’emparer de la Californie, les États-Unis déclarent la guerre au Mexique et en envahissent le territoire. Dans les rangs de l’armée occupante, un bataillon entier – le Saint-Patrick – prend la décision de déserter. Les hommes du Saint-Patrick – tous des immigrés irlandais, espagnols et polonais – ne supportent plus les discriminations, les violences et les exactions de leurs officiers yankees. Désormais, dans cette guerre meurtrière et injuste, ils vont se battre aux côtés des mexicains. Ils sont devenus les San Patricios.

Dans la colonne yankee qui sans relâche poursuit les déserteurs, chevauche Rizzo, un jeune sicilien. Arrivé au Nouveau Monde dans un bateau chargé d’hommes et de femmes fuyant la faim et la misère, Rizzo s’est enrôlé en échange d’une promesse d’obtenir la citoyenneté et un lopin de terre. Devant le village de Churubusco, dernier rempart des rebelles, lui aussi va devoir choisir de quel côté se ranger. Churubusco est un roman graphique surgit des plis – réels et imaginaires – de l’Histoire pour raconter la fin héroïque de l’impossible rêve de liberté des San Patricios. Le récit d’Andrea Ferraris – pétri de poussière et de sang – nous rappelle à chaque page que se dresser contre les abus et l’oppression est juste et nécessaire. Quel qu’en soit le prix à payer.

© Ferraris - éditions Rackam

Une exposition-vente des planches originales et des dessins préparatoires de Churubusco aura lieu dans le Marais, à la Librairie italienne Tour de Babel (10, rue du Roi de Sicile – Paris 4e – M° Saint-Paul) du 9 mars au 9 avril 2016. Vernissage de l’exposition et dédicace d’Andrea Ferraris le mardi 8 mars à partir de 19 heures. Nous vous conseillons d’y faire un tour, les pages originales de Ferraris sont vraiment impressionnante. (éditions Rackham)

PhH