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26 mars 2017
Un jeu à somme nulle
Titre original La suma de los cerros
Traduit de l’espagnol (Mexique) par Chloé Samaniego
Éditions Piranha, 07/2016
Une dystopie à l’humour grinçant sur les ravages du néolibéralisme dans un pays ressemblant à s'y méprendre au Mexique.
Max Michels a l’habitude de cohabiter avec les voix présentes dans sa tête. La voix de son père, un homme exigeant jusqu’à la tyrannie qui lui a inculqué de force la maxime selon laquelle « la valeur de tout homme se mesure à la dose de vérité qu’il peut supporter ». Et les voix des « nombreux », qui remettent sans cesse en cause le moindre de ses actes.
Jusqu’au jour où, lassé d’être la marionnette de ses démons, il décide de se présenter à la présidence de Villa Miserias, une « unité habitationnelle » régie par un système subtil mais implacable : le quiétisme en mouvement.
Dans cette fable politique grinçante, qui n’est pas sans rappeler l’œuvre de George Orwell, Eduardo Rabasa dissèque avec la précision d’un chirurgien les mensonges et les errements de nos démocraties modernes transformées en ploutocraties représentatives.
Source : éditions Piranha
L’auteur
Eduardo Rabasa (Ciudad de México, 1978), estudió Ciencias Políticas en la Unam, de donde se tituló con una tesis sobre el concepto de poder en la obra de George Orwell. Escribe una columna semanal para Milenio y ha traducido libros de autores como Morris Berman, George Orwell y Somerset Maugham. En 2002 fue uno de los miembros fundadores de la editorial Sexto Piso, donde trabaja como editor desde entonces. La suma de los ceros es su primera novela.
Source
17 mars 2017
N'envoyez pas de fleurs
L’action se déroule dans le Golfe du Mexique, non loin de la frontière avec les États-Unis, à La Eternidad : une ville qui porte mal son nom car ses habitants ne semblent pas voués à y faire des vieux os.
Police corrompue, services secrets partisans, meurtres, enlèvements, bandes rivales sont une allégorie du Mexique contemporain.
6 mars 2017
Ni vivants ni morts
Federico Mastrogiovanni
Titre original Ni vivos ni muertos
Traduit de l’espagnol (Mexique) par François Gaudry
Éditions Métailié, 09/02/2017
Depuis une dizaine d’années, on compte plus de 30 000 disparus au Mexique. Avec les 43 étudiants de l’École normale d’Ayotzinapa, l’onde de choc s’est répandue dans le monde, mais ni la pression internationale, ni les associations des droits de l’homme, ni les initiatives des familles n’ont suffi, dans ce cas comme dans d’autres, à faire apparaître la vérité – et encore moins à enrayer le phénomène. Ni vivants ni morts : les disparus sont là, dans cet interstice, ce no man’s land, invisibles, sans corps, sans tombe, sans aucune existence. Arrachés à leur vie, et comme dissous dans l’atmosphère. Pour leurs proches, aucun recours, le deuil impossible, l’angoisse interminable, les menaces, l’hypocrisie des autorités. L’enquête fouillée de Federico Mastrogiovanni, à travers des entretiens avec les parents des victimes, des experts, des activistes, des journalistes, démontre que la disparition forcée est un outil de pouvoir terriblement efficace, qui fait taire jusqu’à la possibilité d’une contestation. C’est le portrait sensible et effrayant d’un pays miné par la peur, où l’État piétine sciemment ses propres prérogatives – et les droits de ses citoyens –, quand il ne se comporte pas directement comme le pire des délinquants.
Ni vivants ni morts a reçu le prix PEN Mexico 2015 et le prix national du journalisme en 2015.
L'auteur
Federico Mastrogiovanni est un journaliste et documentariste né à Rome en 1979, qui vit au Mexique depuis 2009. Il travaille actuellement pour plusieurs magazines sud-américains, parmi lesquels Variopinto, Gatopardo, Esquire Latin America et Opera Mundi.
A propos du livre
Au Mexique, la nuit des ni morts ni vivants
Par François-Xavier Gomez (Libération, 22 février 2017)
L’Argentine de la dictature militaire (1976-1983) a comptabilisé, suivant les sources, entre 9 000 et 30 000 disparus ; le Chili de Pinochet, de 2 000 à 3 000. Au Mexique, en 2013, le ministère de l’Intérieur (source on ne peut plus officielle) chiffrait à 27 000 les personnes enlevées qui n’ont plus donné signe de vie. Dans un pays où beaucoup de délits ne sont pas dénoncés, par peur de représailles, par méfiance envers les autorités, il faut sans doute multiplier plusieurs fois ce nombre pour approcher la réalité. Le Mexique actuel ne correspond sans doute pas à la définition d’une dictature, malgré de nombreuses atteintes aux droits fondamentaux, mais il montre les caractéristiques d’un pays en guerre. Telle est la conclusion accablante du livre reportage de Federico Mastrogiovanni.
Qui sont les victimes de ces disparitions ? Des migrants, proies faciles qui tentent de gagner les Etats-Unis, des militants des droits humains, des défenseurs de l’environnement, des journalistes… Et toute personne qui a eu le tort d’être le mauvais jour au mauvais endroit.
Ces exactions, les médias (dont Libération) les relatent avec constance depuis des années. Là où le journaliste italien va plus loin, c’est dans sa désignation des responsables. Le trafic de drogue n’est, selon lui, qu’un rideau de fumée, le véritable donneur d’ordres des enlèvements et des assassinats est l’armée, dans le but de créer un « haut niveau de terreur » et faire taire quiconque s’oppose à l’exploitation minière, notamment le gaz de schiste.
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