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4 octobre 2025

Les sentiers d'Anahuac

Romain Bertrand (scénario), Jean Dytar (dessins et couleurs)
éditions Delcourt, 10-2025

Présentation de l'éditeur

 

Exceptionnel par sa rigueur scientifique et la qualité de sa narration graphique, cet ouvrage met en lumière la préservation, sous l'impulsion d'un seul homme, de la mémoire du peuple aztèque promise à l'anéantissement.

Au XVIe siècle mexicain, les conquistadores achèvent méthodiquement la destruction de la culture aztèque. Témoin de ce massacre culturel, le franciscain Bernardino de Sahagún conçoit un projet fou : documenter exhaustivement cette civilisation avant qu'elle ne disparaisse définitivement. Antonio Valeriano, jeune Nahua né sous la domination espagnole, devient son collaborateur essentiel. Ensemble, ils entreprennent la rédaction d'un immense recueil, véritable encyclopédie du monde aztèque. Pour Antonio, cette quête documentaire devient une redécouverte bouleversante de ses propres racines culturelles. Leur alliance improbable — le moine européen et l'Indien lettré — permet de sauvegarder des pans entiers de savoirs ancestraux, transformant une entreprise de préservation en dialogue interculturel d'une richesse exceptionnelle.

Romain Bertrand, historien spécialiste des contacts culturels, et Jean Dytar, maître de la bande dessinée historique, signent une œuvre remarquable avec la BD Les Sentiers d'Anahuac. Leur approche mêle archives espagnoles, codex mexicains et sources iconographiques mésoaméricaines pour restituer cette aventure humaine exceptionnelle en image.

Jean Dytar développe un style graphique inspiré directement des codex précoloniaux, adaptant leurs codes visuels à la narration contemporaine. Sa ligne claire et précise traduit l'esthétique des manuscrits aztèques tout en conservant l'expressivité nécessaire au récit. Les personnages, stylisés, mais intensément humains, évoluent dans une palette chromatique sobre qui évoque la texture du parchemin ancien. La composition alterne intelligemment entre séquences dialoguées classiques et doubles-pages documentaires, intégrant cartes, schémas explicatifs et reproductions de manuscrits.


La fiche du livre sur le site de l'éditeur 

Informations
ISBN : 9782413082583
Pages : 160
Prix : 34,95€

👉 Lire un extrait sur le site de l'éditeur 

👉 Voir la présentation, les sources visuelles, les dialogues, la bibliographie sur le site de Jean Dytar 





Anáhuac : Plateau volcanique des environs de Mexico. C'était, pour les précolombiens, le pays de Tenochtitlán. Par la suite, le nom a parfois été appliqué abusivement à l'ensemble du plateau mexicain.
(Larousse)
 
👉 Lire une avant-critique de Benjamin Roure (payant) sur le site LivresHebdo
Dans la Nouvelle-Espagne conquise par Cortés, un temps nommée Empire aztèque et aujourd'hui Mexique, le jeune Antonio Valeriano observe la percussion de deux mondes, celui de ses origines et celui des Européens...

👉 Lire  la chronique de A. Perroud sur le site BDGest'
...Auteur inclassable se renouvelant à chaque nouvelle BD, Jean Dytar s’est associé à l’historien Romain Bertrand pour raconter cet épisode peu connu de la conquête espagnole. Évidemment, narrer frontalement et classiquement cette anecdote qui se déploie sur des décennies aurait été trop simpliste ou limitatif pour le dessinateur. À la place, il a tissé un récit multi-focal, mêlant roman d’apprentissage et de compagnonnage, anthropologie et fable universelle. De plus, il évite soigneusement d’occulter la complexité et la dureté des enjeux en place (génocide culturel, colonisation, sources historiques orientées, etc.) grâce à un scénario qui prend le temps d'aborder les différents points de vue d’une manière à la fois complète, sensible et accessible. Le sujet est sublimé par le traitement graphique d’un des artistes les plus détonants du Neuvième Art. Les planches passent du réalisme, façon gravure sur bois en N&B, quand il s’agit de dépeindre les Occidentaux à un traitement tout en rondeurs et en couleurs tirés des Codex pour les Mexicas. Somptueux visuellement, passionnant formellement, profond et provocateur à sa manière, Les sentiers d'Anahuac s’avère être un trésor d’inventivité utilisant pleinement tous les outils narratifs propres à la bande dessinée. Impressionnant et indispensable...

👉 Lire la chronique de Gilles Ratier sur BDzoom.com
Passionné par l’Histoire et ses faits méconnus, l’humaniste responsable de « La Vision de Bacchus », de « Florida » ou des « Illuminés » s’est acoquiné avec un très sérieux historien (Romain Bertrand, directeur de recherche au Centre d’études et de recherches internationales), afin que l’on entende la parole des Nahuas du Mexique colonial. Pour ce faire, dans cette très réussie démarche expérimentale d’écriture à quatre mains, les deux auteurs nous racontent la vie, après l’invasion espagnole, d’un prêtre franciscain qui, aidé par un Indien converti, a consacré un demi-siècle à l’établissement du Codex de Florence : quasiment 2 500 pages — et autant de dessins — pour préserver la souvenance du peuple aztèque promise à l’anéantissement. Venu au Mexique pour faire triompher la foi chrétienne en 1529, soit huit ans après la fin de la Conquête, le franciscain espagnol Bernardino de Sahagún constate et déplore la destruction systématique, par les conquistadores, de la culture précolombienne....

👉 Lire la critique de Baptiste Lépine sur Avoir-Alire
Découvrir Les Sentiers d’Anahuac au moment où l’on termine Azteca de Gary Jennings peut relever de la coïncidence pour le lecteur, mais il est clair qu’elle n’en est pas une pour Romain Bertrand. Celui-ci a nettement évoqué ses sources historiques pour mettre sur pied une œuvre potentiellement aussi importante que celle de l’auteur américain, car en prenant appui sur les mêmes idées, il y ajoute de nouvelles études qui mettent encore davantage en valeur le pouvoir et la présence des peuples autochtones, malgré l’entreprise de colonisation imposée par les Espagnols dans les années qui suivent la Conquista. De fait, c’est clairement cette génération, incarnée ici par Antonio Valeria - personnage historique puissant mais dont les annales gardent un certain mystère, exploité au mieux par l’auteur - que se concentre ce récit. Il s’agit de montrer la violence d’un déracinement qui intervient très vite, très violemment, et porte ses fruits sur une large partie de la population. Au milieu de cet effort autoritaire, la volonté du père Bernardino de Sahagun fait figure de lumière au milieu de l’obscurantisme, et la fascination ambivalente qu’éprouve cet homme vis à vis de la culture aztèque (ou mexica si l’on veut être précis) est ce qui va permettre d’en sauver une partie. 
 
👉 Lire la chronique de Jean-Laurent Truc sur Ligne Claire
...La composition graphique est remarquable appuyée sur un format large. Jeu de couleurs pour certains, noir et blanc, Antonio et Juanito sont eux-aussi des passeurs de relais, celui de la mémoire. Le bouquin se lit, se regarde, se découvre avec surprise. On se laisse envoûter, pris au piège de ce voyage dans l’oubli, cette enquête hors normes qui a duré 50 ans sur le codex dit de Florence,  sur ce monde disparu grâce au père Bernadino et ses traducteurs indiens. Une vraie somme...

👉 A écouter : Série « Le Méxique, la musique et le monde » 
Sur le haut plateau d'Anahuac - Lundi 29 juin 2020 - Une émission de France Musique





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