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18 décembre 2015

Des vêtements et des hommes


Une perspective historique du vêtement indigène au Mexique
Claude Stresser-Péan
Riveneuve éditions, 2011

Expliquer le présent par le passé, tout en décrivant l’histoire d’une société austère imprégnée de religion : tel est le but de cet ouvrage, brillante et érudite démonstration de l’analyse du vêtement comme miroir de la société. Car chez les peuples précortésiens, le rang social allait de pair avec la richesse du costume, chacun des vêtements portés par un haut personnage servant à définir son autorité – le jeune« prince » poète Nezahualpilli en est l’exemple le plus éclatant. Et nombre d’atours étaient chargés de symbolique : ainsi la tunique ouverte xicolli, exclusivement portée par les prêtres aztèques durant les sacrifices humains aux dieux ; ou encore la parure de guerre tlahuiztli, un vêtement recouvrant l’intégralité du corps et incarnant un animal féroce ou un monstre terrifiant, transformant assurément celui qui le portait en cet animal ou ce monstre même, et le protégeant ainsi dans le combat jusqu’à lui assurer la victoire. Conçu par les anciens comme une arme véritable, le tlahuiztli peut s’enorgueillir d’avoir effrayé bien des soldats espagnols ; lesquels, il est vrai, n’étaient pas insensibles aux croyances surnaturelles…

Nous verrons de plus que certains de ces vêtements se retrouvent aujourd’hui, conservant ainsi leur usage quotidien. Le cache-sexe ne disparaît pas entièrement, ses extrémités ornées qui persistent de nos jours en sont un héritage direct. Ou la longue tunique appelée huipil, très décorée, qui est également un héritage du passé, de la même famille que la tunique des indigènes d’Amérique du Sud et, plus près de nous, des Lacandons – ce qui donne à penser qu’elle trouve son origine au sud de la Mésoamérique ; tandis que le quechquémitl, manière de petite cape, est originaire du Nord et s’est peu à peu répandu jusque sur le haut plateau mexicain.

L’auteur
Venue diriger une Alliance française au Mexique en 1958, Claude Stresser-Péan épouse en 1964 l’illustre anthropologue Guy Stresser-Péan, professeur à l’EPHE de Paris et fondateur de la Mission Archéologique et Ethnologique Française au Mexique. Trente ans durant, elle va accompagner son mari sur le terrain, se spécialisant dans l’étude du vêtement indigène. En association avec lui, elle réalise six films ethnologiques et publie Tamtok, site archéologique huastèque (CEMCA, Fomento Cultural Banamex, Mexique, t. 1, 2001, t. 2, 2005).Cet ouvrage sur le vêtement précortésien représente son premier livre en solitaire, fruit de ses longues années d’étude et d’expérience de terrain.

Source : Riveneuve éditions

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