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30 décembre 2015

La danse du Volador



Chez les indiens du Méxique et de l’Amérique centrale
Guy Stresser-Péan
Riveneuve éditions, 2015

La Danse du Volador est une des rares danses précortésiennes qui ait survécu jusqu’à nos jours, car l’Église l’avait considérée comme étant une simple diversion. Dans une première partie, l’auteur décrit la Danse du Volador telle qu’elle se déroule dans la Huasteca potosina (Mexique) des années 1930 et plus spécialement dans le village de Tamaletom. La description qu’il en fait l’amène à décrire les croyances religieuses huastèques et définir la Danse du Volador comme la Danse des Aigles ou du Soleil couchant.

Dans une deuxième partie, s’appuyant sur les chroniqueurs du XVIe siècle et les écrits des voyageurs des XIXe et XXe siècles, il démontre que le Volador se pratiquait non seulement chez les Huastèques et les Nahuas mais aussi chez les Otomis de la Sierra de Puebla et du Haut Plateau, chez les Tarasques du Michoacán, chez les Aztèques de Tenochtitlán. Il signale également l’existence et les coutumes du Volador au Guatemala et au Nicaragua. Dans une dernière partie, une analyse comparative lui permet de mieux définir le caractère religieux de cette danse. Il démontre une similitude intéressante entre le capitaine de la danse qui s’adresse aux dieux du haut du mât, et qui est alors un être divinisé, avec le singe installé en haut du mât guatémaltèque et l’idole du cacao installée au sommet du mât des Nicaraos.

Il émet également l’hypothèse que le Volador est une création des Toltèques qui, émigrant après la chute de Tula, au Xe siècle, jusqu’au Guatemala d’abord, puis jusqu’au Nicaragua, répandirent cette danse. Enfin, il ne faut pas manquer de signaler que cet ouvrage est également une description de ce pagano-christianisme qui s’est répandu un peu partout au Mexique et en Amérique Centrale. L’analyse musicale réalisée dans les années 1960 par Monsieur et Madame Raoul d’Harcourt, dénonce également cette influence européenne sur la musique du Volador exécutée avec une flûte et un petit tambour, et conforte l’hypothèse de l’auteur que, dans les temps précortésiens, la musique du Volador était jouée à l’aide d’un teponaztli (tambour à fentes) et d’un huehuetl (tambour à membrane).

L’ouvrage est accompagné d’un DVD encarté contenant des documents cinématographiques sur les Indiens huastèques (1937- 1938).



Source : Riveneuve éditions

27 décembre 2015

Dis-leur qu’ils ne sont que cadavres


Jordi SOLER
titre original Diles que son cadáveres
traduit de l’espagnol (Mexique) par Jean-Marie Saint-Lu
éditions 10-18, novembre 2015

En 1937, pendant une de ses phases de folie les plus violentes et de retour du Mexique ou il a croisé Malcolm Lowry et abondamment usé de peyotl et autres champignons hallucinogènes, Antonin Artaud trouve le bâton sacré de saint Patrick, le patron des Irlandais et se rend en Irlande avec pour mission de rendre l'authentique bâton de Saint-Patrick qu'il croit tenir d'un sorcier cubain. Plus d'un demi-siècle plus tard, à Dublin, trois hommes partent en pèlerinage : l'un est un écrivain mexicain égaré dans une ambassade désargentée ; le deuxième un poète édenté qui vit avec son cheval ; le dernier un collectionneur excentrique au faciès d'oiseau. Ce qui les unit ? Une faiblesse coupable pour l'eau-de-vie et une passion dévorante pour Artaud. Ensemble, ils jurent de retrouver le bâton, véritable relique. L'objet de leur quête : le bâton de Saint-Patrick, qui selon la légende aurait été ramené par Artaud et se trouverait quelque part en Irlande du Nord... Sur la route, ils se perdront un peu, boiront beaucoup et se fâcheront à jamais.

L’auteur
Jordi Soler est né en 1963 près de Veracruz, au Mexique, dans une communauté d'exilés catalans fondée par son grand-père à l'issue de la guerre civile espagnole. Il a vécu à Mexico puis en Irlande avant de s'installer à Barcelone en 2005 avec sa femme, franco-mexicaine, et leurs deux enfants. Il est reconnu par la critique espagnole comme l'une des figures littéraires les plus importantes de sa génération. Quatre de ses livres ont été traduits en français : Les Exilés de la mémoire (Los rojos de ultramar), La Dernière Heure du dernier jour, La Fête de l'ours et dernièrement, Dis-leur qu'ils ne sont que cadavres (Belfond, 2013).

Source

18 décembre 2015

Des vêtements et des hommes


Une perspective historique du vêtement indigène au Mexique
Claude Stresser-Péan
Riveneuve éditions, 2011

Expliquer le présent par le passé, tout en décrivant l’histoire d’une société austère imprégnée de religion : tel est le but de cet ouvrage, brillante et érudite démonstration de l’analyse du vêtement comme miroir de la société. Car chez les peuples précortésiens, le rang social allait de pair avec la richesse du costume, chacun des vêtements portés par un haut personnage servant à définir son autorité – le jeune« prince » poète Nezahualpilli en est l’exemple le plus éclatant. Et nombre d’atours étaient chargés de symbolique : ainsi la tunique ouverte xicolli, exclusivement portée par les prêtres aztèques durant les sacrifices humains aux dieux ; ou encore la parure de guerre tlahuiztli, un vêtement recouvrant l’intégralité du corps et incarnant un animal féroce ou un monstre terrifiant, transformant assurément celui qui le portait en cet animal ou ce monstre même, et le protégeant ainsi dans le combat jusqu’à lui assurer la victoire. Conçu par les anciens comme une arme véritable, le tlahuiztli peut s’enorgueillir d’avoir effrayé bien des soldats espagnols ; lesquels, il est vrai, n’étaient pas insensibles aux croyances surnaturelles…

Nous verrons de plus que certains de ces vêtements se retrouvent aujourd’hui, conservant ainsi leur usage quotidien. Le cache-sexe ne disparaît pas entièrement, ses extrémités ornées qui persistent de nos jours en sont un héritage direct. Ou la longue tunique appelée huipil, très décorée, qui est également un héritage du passé, de la même famille que la tunique des indigènes d’Amérique du Sud et, plus près de nous, des Lacandons – ce qui donne à penser qu’elle trouve son origine au sud de la Mésoamérique ; tandis que le quechquémitl, manière de petite cape, est originaire du Nord et s’est peu à peu répandu jusque sur le haut plateau mexicain.

L’auteur
Venue diriger une Alliance française au Mexique en 1958, Claude Stresser-Péan épouse en 1964 l’illustre anthropologue Guy Stresser-Péan, professeur à l’EPHE de Paris et fondateur de la Mission Archéologique et Ethnologique Française au Mexique. Trente ans durant, elle va accompagner son mari sur le terrain, se spécialisant dans l’étude du vêtement indigène. En association avec lui, elle réalise six films ethnologiques et publie Tamtok, site archéologique huastèque (CEMCA, Fomento Cultural Banamex, Mexique, t. 1, 2001, t. 2, 2005).Cet ouvrage sur le vêtement précortésien représente son premier livre en solitaire, fruit de ses longues années d’étude et d’expérience de terrain.

Source : Riveneuve éditions

22 novembre 2015

Mujeres que corren con los lobos


Clarissa Pinkola Estés
Editorial Zeta, 2009

Femmes qui courent avec les loups « Mujeres que corren con los lobos » est une invitation à comprendre et à interpréter la vie des femmes : la spiritualité et la connaissance de l'âme. Clarissa Pinkola nous invite, nous femmes, à développer notre créativité par l'écriture, la danse, la peinture et par l’art en général, en toute liberté, afin d’éliminer le « moi caché », de l’extraire de sa clandestinité. Dans cette œuvre le comportement de la femme s’apparente à celle des loups sauvages, ce qui d’après l’auteur, est essentiel pour le développement de sa vraie personnalité. Choix antagoniste au modèle actuel qui est celui d’une femme mince, obsédée par les normes de la beauté imposée par le contexte social. En bref, ce livre est une vision de la féminité et de ses possibilités, nous ramenant au temps où les femmes, observaient la nature et en respectaient les cycles.

Christine Bertheuil


Contraportada

Dentro de toda mujer alienta una vida secreta, una fuerza poderosa llena de buenos instintos, creatividad y sabiduria. Es la Mujer Salvaje, una especie en peligro de extinción debido a los constantes esfuerzos de la sociedad por cvilizar a las mujeres y constreñirlas a rígidos papeles que anulan su esencia instintiva. En es te libro, la autora revela ricos mitos interculturales, cuentos de hadas e historias para contribuir a que las mujeres recuperen su fuerza y su salud, atributos visionarios de esta esencia instintiva

1 novembre 2015

Los de abajo


Mariano Azuela
1ère publication en 1915 dans le journal El paso del norte
2ème publication en 1920 dans sa version augmentée et sous sa forme actuelle
Fondo de cultura economica, 2014

Le célèbre roman de Mariano Azuela « Ceux d'en bas » (Los de abajo) publié en 1916, roman de la révolution mexicaine, est enrichi de l’expérience personnelle de l’auteur. Il y retrace des épisodes de la révolte agraire (1910-1920), qui finit malheureusement dans les mésententes qui résultent de la défaite des rebelles. Témoignage vécu par l’auteur, souvent empreint de lyrisme, avec des situations épiques, le récit d'Azuela rend compte avec fidélité des événements, du comportement des chefs révolutionnaires, des mœurs, du langage, de la mentalité des paysans. Le livre se compose d'une suite de scènes centrées sur la figure du caudillo Demetrio Macías, mais il ne s'agit pas seulement pour Azuela de conter l'histoire, son intention est aussi satirique : le ton du récit est si pessimiste, si caustique, si ironique que certains critiques ont été jusqu'à considérer cette œuvre comme antirévolutionnaire…

Los de abajo, sintetiza admirablemente lo que el ilustre escritor pensaba de la revolución y cómo vio el mismo su furia destructora. Se trata de una historia descarnada. Concebida con la sinceridad y la valentía de un hombre que nunca cedió a la tentación de adornar artificiosamente o de falsear los acontecimientos, y escrita con un lenguaje directo que aúna en la belleza de la sencillez.
(FDE)

Christine  Bertheuil

31 octobre 2015

La frontière sud

José Luis Muñoz
Traduit de l'espagnol (Espagne) par Alexandra Carrasco
éditions Actes Sud, septembre 2015
Collection Actes noirs


Mike Demon vend des assurances agricoles aux fermiers de Californie. Évidemment, ce n’est pas le boulot le plus folichon du monde. On passe ses journées en bagnole sous un soleil de plomb, on se fait pas mal claquer la porte au nez et on finit plus souvent qu’à son tour dans un motel miteux en bord d’autoroute. Alors, pour oublier qu’on ne voit pas sa famille autant qu’on voudrait, on s’offre une soirée en roue libre de temps en temps. Un de ces soirs justement, Mike Demon décide d’aller faire une petite virée à Tijuana. Il y fait la rencontre d’une prostituée sublime dont il va tomber follement amoureux, au point de lui promettre une nouvelle vie de l’autre côté de la frontière. Le problème, c’est qu’entre la fille et les États-Unis, il y a Fred Vargas, un flic mexicain aussi violent que véreux. Un esthète de la combine assez futé pour avoir compris que, niveau rendement, un bon père de famille yankee venu s’encanailler de ce côté-ci de la frontière, ça valait toutes les polices d’assurance du monde...

Source Éditions Actes Sud

11 mai 2015

Les amants de Coyoacan

Gérard de Cortanze
éditions Albin Michel, 03 - 2015

Présentation éditeur :
En janvier 1937, Frida Kahlo, mariée au peintre Diego Rivera, n’a pas encore trente ans. Le couple bat de l’aile. Aux infidélités de Diego répondent celles de Frida. La jeune femme n’est pas heureuse. Revenue d’une fugue à New York elle songe à se suicider. Un événement va bouleverser sa vie : l’arrivée de Trotski dans un Mexique postrévolutionnaire en pleine ébullition.

Entre le rescapé de la Guépéou et l’artiste flamboyante, naît une passion dévorante. Affolant ses gardes du corps, mettant en déroute les tueurs lancés à ses trousses, Trotski lui donne des rendez-vous secrets, s’enfuit avec elle dans une hacienda, glisse des billets enfiévrés dans les livres qu’il lui offre. Frida sera son dernier grand amour. Des années plus tard, l’artiste confiera que cette rencontre fut l’une des meilleures choses qui lui soit arrivée et cette période l’une des plus fécondes de sa vie de peintre.

Fabuleuse évocation d’un Mexique à la vitalité inouïe, ce roman trépidant, à l’image de son héroïne, nous plonge dans l’effervescence intellectuelle et politique de la fin des années 30 à travers le parcours rayonnant d’une femme animée par un insatiable désir de vivre et d’aimer. Gérard de Cortanze en restitue brillamment la fantastique ampleur.


L'avis de Jean-François Cadet de RFI :
Par sa mère, il descend de Fra Diavolo, le bandit napolitain qui lutta contre Bonaparte et finit pendu en 1806. Quant à la famille de son père, elle a combattu aux côtés de Garibaldi, l’artisan de l’unité italienne. Gérard de Cortanze était donc prédestiné pour naviguer dans les méandres de l’Histoire. Son imagination débordante est nourrie par la littérature, par ses ancêtres et par le souffle romanesque de sa plume, il nous a fait traverser les siècles à travers des personnages issus de l’Immigration italienne ou de l’errance du peuple juif. Mais, ce Piémontais d’origine est aussi un passionné de littérature hispanique, dont il a traduit et édité les plus grands auteurs. Il nous emmène dans le Mexique de la fin des années 30. Gérard de Cortanze nous transporte à nouveau dans l’univers de couleurs et de souffrance physique et amoureuse de Frida Kahlo.
Quelques mots sur Coyoacan :

Coyoacán est une delegación (arrondissement) de Mexico, située au sud de la ville. C'est un ancien village préhispanique qui a été petit à petit avalé par la ville. Son centre est devenu un quartier touristique, épargné par l'hyperactivité et la densité urbaine, et qui a gardé son charme grâce notamment à ses ruelles et ses habitations anciennes dont la maison de Frida est un exemple.

Le quartier garde encore aujourd'hui un air bohème et provincial qui exerce un attrait sur tous et pas seulement sur les touristes. Même avant le développement du tourisme national et international, Coyoacán s’enorgueillissait déjà de la préférence que lui accordaient les autochtones comme les visiteurs. Il n'est donc pas surprenant que les autorités de Mexico l'ait nommé Barrio Mágico. Coyoacán conserve son charme provincial et beaucoup de promeneurs viennent au Jardín Centenario, autour de la fuente de los coyotes, en fin de semaine pour profiter des animations (comme la feria del libro alternativa en décembre) et de ses marchés.

Dans les années 1930, Coyoacán était un petit village, "loin" du centre de Mexico. La rivière Churubusco coulait librement et la maison de la peintre Frida Kahlo, au 247 rue de Londres, était le siège de réunions où des peintres, des hommes un peu bohèmes et des hommes politiques, dont Léon Trotsky, discutaient autour de la tequila et des plats typiques que leur hôtesse leur offrait. Aujourd'hui transformée en musée, la décoration y respecte l'esprit que Frida avait donné à sa célèbre Casa azul, où elle naquit, vécut et mourut.

Le mercado de Coyoacan (calle Ignacio Allende 59 y Malintzin) se situe à quelques rues de sa maison. On y trouve tous les fruits frais du Mexique, des accessoires artisanaux et de la nourriture typique telles que les sauterelles grillées (chapulines), amuse-gueule préhispanique, ainsi que de nombreux puestos de quesadillas, les fameux tacos d'El güero de Coyoacan et les tostadas de Tostadas Coyoacan. A l'extérieur, on mange de délicieux produits de la mer à la marisqueria El jardin del pulpo.

En redescendant vers le kiosque, on passe devant le café El Jarocho, une étape obligatoire ou on peut déguster une très grande variété de cafés, moka, chocolats ... qui n'ont rien à voir avec Starbuck. A proximité, on trouve la Casa de Cortès, aujourd'hui siège de la mairie, l'église de la Conchita, le musée des arts et cultures populaires, des restaurants, cervecerias, le mercado artesanal de Coyoacan, l'église San Juan Bautista, la place Santa Caterina, la maison de l'acteur El Indio Fernandez, ainsi que les libraires El Sotano et Ghandi.

L'avenida Francisco Sosa, bordée de maisons typiques de l'époque coloniale nous ramène jusqu'à la célèbre place de la fontaine des coyotes, très prisée des mexicains le week-end. Face à la fontaine, on peut prendre une table au 1er étage du Sanborn's et profiter de la vie douce et agréable de ce beau quartier.

PhH

25 avril 2015

Zapatistas

Les aventures sentimentales de Carmen et Jorge
Textes et dessins : Pierre Place
éditions Aarg, 04-2015

Présentation de l'éditeur :
Une série de récits et de portraits comiques d'acteurs et d'actrices de la révolution mexicaine qui est une fresque du quotidien, peuplée d'êtres humains, avec leurs rêves, travers, désirs et défauts.


Dans le numéro 8 de la revue Aaarg, l'auteur expose ses influences, notamment celles des calaveras désignées comme  des "gravures sur bois satiriques mexicaines de la fin du XIXe siècle". En fait, calavera  peut désigner toutes les représentation artistique de crânes et squelettes. Les lithographies de José Guadalupe Posada comptent parmi les plus belles et les plus célèbres. Pierre Place revendique aussi la "plus grande collection de santiags du nord-est-parisien".

On peut décrire sommairement l'album avec le slogan  : sexe, violence et révolution (celle de 1910) ! Le titre - zapatistas - a du être choisi car Zapata est aujourd'hui plus connu que Francisco Villa et a donc un peu plus d'accroche. L'appellation a été réintroduite dans l'actualité depuis la nouvelle révolution zapatiste (de 1994) menée par l'EZLN. Découpées en plusieurs chapitres, alternant les dessins en noir et blanc, tricolores ou en couleurs, les aventures de Carmen et Jorge sont sexuellement explicites, les balles crépitent à chaque case et les morts ne se comptent plus. Les personnages décris  sont des mexicain(e)s ordinaires pris dans la tourmente révolutionnaire, moment historique vu sous l'angle de leur quotidien, de leurs caractères, défauts, désirs et vices compris.

L'atmosphère générale du livre nous plonge dans une ambiance finalement beacoup plus villiste que zapatiste. Si Emiliano Zapata, el caudillo del sur, était un révolutionnaire aux idées politiques riches de lectures, de réflexions et de débats, Doroteo Arango, dit Pancho Villa, el centauro del norte, était un soudard sans foi ni loi, rallié à Francisco I. Madero par opportunisme. Le détachement avec lequel nos deux héros commettent leurs actes meurtriers en fait des clones de Rodolfo Fierro, fidèle lieutenant de Francisco Villa, très justement surnommé El canicero (le boucher) pour avoir massacré à tours de bras. La distance mise entre la gravité des actes et le ton décalé de l'histoire sont illustrés dès la couverture sur laquelle Jorge tripote négligemment la poitrine d'une Carmen représentée comme une Mona Lisa impassible, tenant un revolver comme si c'était le premier objet venu. Carmen est une tueuse qui s'enivre du sang qu'elle verse à seaux, ce qui pose un sérieux problème à Jorge, hématophobe hypersensible qui est pris de nausées et de vomissements à la vue de la plus petite goutte de sang. Leurs émois, dans ces conditions, ne sont pas vraiment teintés de romantisme.

Rodolfo Fierro et Francisco Villa

L'omni présence banale de la mort, l'humour noir et le style de dessin concoctent une illustration parfaite du dicton mexicain la vida no vale nada.

PhH