Peter Kuper
éditions Rackam, 2011
En juillet 2006, Peter Kuper, dessinateur étasunien, s’installe au Mexique, dans l’état de Oaxaca. C’est à cette date que la capitale, Oaxaca de Juarez, s’enflamme autour de l’APPO (Assemblée populaire des peuples d’Oaxaca). Le mouvement a été initié par les enseignants avant de s’étendre à toute la société civile. Les revendications, d’abord limitées aux conditions de travail du corps enseignant, ont rapidement évolué vers une contestation puis opposition frontale au gouverneur de l’état, Ulises Ruiz. Fondée le 27 juin 2006 après une intervention policière contre les occupants du zocalo de Oaxaca, l’APPO regroupe des syndicats, des associations, des organisations sociales et politiques et des communautés indigènes. La mobilisation citoyenne a duré plusieurs mois, attirant sur la ville, l’état et le Mexique l’œil des médias. De nombreux articles, reportages, documentaires et comptes-rendus ont été publiés ou réalisés, tant par les médias locaux que les médias mexicains et internationaux. Le mouvement s’est éteint petit à petit, dans une certaine confusion. La violence et le vandalisme de certains éléments ultras, l’évolution de plus en plus politique et nationale des revendications ont changé peu à peu le visage de l’APPO et la perception qu’en ont eu les mexicains s’est un peu brouillée. Mais ils ont aussi retenu l’intransigeance et la dureté du gouverneur Ruiz, membre du PRI (Partido Revolucionario Institucional), qui a usé et abusé des forces de police et de l’armée fédérale pour une répression féroce qui fit plusieurs morts. Malgré les nombreuses demandes de destitution, Ulises Ruiz a terminé son mandat de gouverneur en 2010. Aux nouvelles élections, le PRI a été battu par une alliance droite-gauche (PAN, PRD, PT, Convergencia, Partido comunista), 50,1% contre 41,9%.
Peter Kuper a rédigé un magnifique journal de ces deux années passées au Mexique, en particulier à Oaxaca. C’est un recueil de dessins, pastels, aquarelles, photos et parfois montages de ces divers éléments. Si tout d’abord il a été un simple témoin des évènements, il va par la suite produire des dessins plus engagés, choisissant de dénoncer les brutalités policières, alors que l’environnement médiatique traditionnel est plus classique, distant, muet voire complaisant. Petit à petit et au fil de l’actualité, son regard se portera aussi sur la riche culture de Oaxaca, les communautés indigènes, la vie artistique. Son âme de dessinateur l’amènera aussi à croquer des scènes simples du quotidien, ici un paysage, là une attitude et partout les réalités et les difficultés des habitants.
En utilisant des outils différents sur un même dessin, par exemple couleurs au crayon et trait surligné au feutre noir, Kuper nous transmet l'image de la douceur de Oaxaca violentée par l’armée et la police. Parfois le dessin est brut, sans phylactère, le seul visuel renforçant le message. Il s’est parfois inspiré des amates, ces dessins naïfs peints sur un papier de fibres végétales, qui représentent souvent des scènes villageoises, livrant alors des dessins foisonnant de couleurs vives et chaudes telles qu’on les voit souvent au Mexique. Enfin, l’agencement de certaines pages, l’ordre des cases et la présence d’éléments symboliques sont des indices indiquant que l’auteur a été victime du surréalisme mexicain. Mais le lien sous-jacent tout au long de l’album reste la lumière que Peter Kuper a su si bien capter et restituer.
Ph.H.
Peter Kuper a rédigé un magnifique journal de ces deux années passées au Mexique, en particulier à Oaxaca. C’est un recueil de dessins, pastels, aquarelles, photos et parfois montages de ces divers éléments. Si tout d’abord il a été un simple témoin des évènements, il va par la suite produire des dessins plus engagés, choisissant de dénoncer les brutalités policières, alors que l’environnement médiatique traditionnel est plus classique, distant, muet voire complaisant. Petit à petit et au fil de l’actualité, son regard se portera aussi sur la riche culture de Oaxaca, les communautés indigènes, la vie artistique. Son âme de dessinateur l’amènera aussi à croquer des scènes simples du quotidien, ici un paysage, là une attitude et partout les réalités et les difficultés des habitants.
En utilisant des outils différents sur un même dessin, par exemple couleurs au crayon et trait surligné au feutre noir, Kuper nous transmet l'image de la douceur de Oaxaca violentée par l’armée et la police. Parfois le dessin est brut, sans phylactère, le seul visuel renforçant le message. Il s’est parfois inspiré des amates, ces dessins naïfs peints sur un papier de fibres végétales, qui représentent souvent des scènes villageoises, livrant alors des dessins foisonnant de couleurs vives et chaudes telles qu’on les voit souvent au Mexique. Enfin, l’agencement de certaines pages, l’ordre des cases et la présence d’éléments symboliques sont des indices indiquant que l’auteur a été victime du surréalisme mexicain. Mais le lien sous-jacent tout au long de l’album reste la lumière que Peter Kuper a su si bien capter et restituer.
Ph.H.
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