16 octobre 2013

La poussière des aïeux

Felix Pestemer (scénario et dessin)
traduit de l’allemand par Paul Derouet
Editions de l’an 2, 88 pages en couleur, paru en janvier 2012


Résumé de l'éditeur :
La scène se passe au Mexique. Eusebio Ramirez est le gardien du musée des Masques. Après une absence de vingt ans, il retourne à Oaxaca, pour faire la paix avec la famille Rojas. De ses anciens amis, plus aucun n’est en vie. Mais aujourd’hui, « Jour des Morts », ils reviennent faire la fête avec les vivants. La nouvelle du décès du jeune Benito Rojas fait remonter des souvenirs du passé. Eusebio prend la fuite. De retour chez lui, il se confie dans une lettre à Consuelo, la mère d’Eusebio.
Les différents chapitres de l’album relatent, à travers le témoignage de ce narrateur pas toujours fiable, les circonstances de la mort des Rojas, à des époques elles-mêmes diverses : XIXe siècle, révolution mexicaine, années trente, années soixante-dix, époque contemporaine. D’autres séquences, réminiscences de l’inspiration macabre d’un Posada, matérialisent les rêves d’Eusebio et nous entraînent dans une crypte pour célébrer la vie après la mort.
Fasciné par les rites funéraires du Mexique - pays dans lequel il a séjourné en 2005-2006, où la mort, loin d’être un tabou, fait partie de la vie quotidienne et est célébrée de manière éminemment festive -, Felix Pestemer signe un livre spectaculaire, entièrement dessiné au crayon, et dont l’esthétique rappelle celle des grands muralistes mexicains. Le récit contient de nombreuses allusions à des personnalités ayant marqué l’histoire du pays, comme le peintre Diego Rivera ou Léon Trotski.


La proximité calendaire du jour des morts, Día de muertos (et non pas día de los muertos comme on le voit souvent), est l’occasion de présenter ce bel album de Félix Pestemer. Découpé en plusieurs petites histoires agencées autour des membres d’une même famille sur plusieurs époques, les dessins font la part belle aux décors traditionnels de cette fête populaire. Calaveras, catrinas, calacas, altares chargés d’offrandes aux défunts parmi lesquelles on trouve alcool, cigarettes, leurs mets préférés, le tout sous d'abondants bouquets de zempaxochitl (ou zempaxuchitl voire cempasúchil - rose d'Inde, la dénomination botanique perpétue l'erreur de Christophe Colomb croyant "découvrir" les Indes, le nom devrait être rose du Mexique), l’auteur a parfaitement saisi et restitué l’ambiance du Día de muertos tel qu’il se déroule au Mexique. Nourri notamment de l’iconographie de José Guadalupe Posada, des tableaux de Diego Rivera, peuplés d'anonymes et de quelques personnages historiques, la lecture nous emmène au cœur d’un Mexique authentique à la ferveur immuable.
Les voyageurs présents au Mexique pendant le Día de muertos peuvent assister à sa célébration dans le petit village de Mixquic, dans les environs de Mexico DF. Des bus partent régulièrement du terminal Tasqueña pour San Andres Mixquic qui est le lieu incontournable pour assister à cette fête à proximité de la capitale.


L'Etat de Oaxaca est aussi l'un des endroits ou la fête des morts est spectaculaire, probablement car la population indienne y est nombreuse et ses traditions vivaces, el Día de muertos étant le produit d'un syncrétisme religieux entre des célébrations d'avant la conquête espagnole et la fête de toussaint catholique et du jour des défunts. Source.

 
A l'occasion du jour des morts, les mexicains rivalisent d'inspiration et d'humour pour écrire de courts poèmes autour de la mort, les calaveras. Celle de l'affiche ci-dessus dit :
 
La maigre (la mort) arrive, bien persuasive,
faisant sa promotion à coup de cloche
pour inviter les comparses
et leurs autels au cimetière.
 
Oaxaca et ses régions
se déguisent en squelette
et on entend les chansons
avec lesquelles on se distingue toujours.


La calavera de Casa Dely :

 


A noter qu'à Montpellier, pour célébrer el Día de muertos, un concours d'autels d'offrandes aura lieu du 1er au 3 novembre au restaurant La Chilanga. Un vote décidera du plus bel altar de muertos.


 
PhH

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