Charpenté par quelques codes d’écriture et par le caractère du personnage, libre et curieux, que chaque auteur doit respecter, notamment son penchant à forte déclivité qu’il a pour la bière, chaque titre de la série est prétexte à un jeu de mot.
Gabriel Lecouvreur a par deux fois rencontré le Mexique et ses ancêtres emblématiques que sont les Aztèques. En 1999, il s’est rendu à Guadalajara dans l’épisode intitulé L’Aztèque du charro laid. Jeu de mot multilingue puisque intégrant le charro, c'est-à-dire le prototype du mexicain cavalier. Le charro pratique la charreada ou charreria, exercices hippiques au cours duquel il démontre son habileté à monter à cheval, sa dextérité au lasso et à la capture de bovins. Très populaires au Mexique, les charreadas sont des fêtes hautes en couleurs, pour lesquelles les participants, femmes et hommes, revêtent les habits traditionnels qui symbolisent cette culture.
Dans cette histoire, Le Poulpe rencontre Rosana qui a bien des soucis. Dans une intrigue calquée sur les tragiques évènements de Ciudad Juarez, il doit affronter des sales types pour qui les filles, surtout jeunes sont des marchandises, indispensables pour le sexe et les vidéos qu’ils tournent et qui alimentent le sombre marché du snuffmovie. Comme le dit la 4e de couverture : « L'Aztèque est saignant, mais pas très tendre. La cantina du Charro Feo abrite de bien vilains cocos, locos de chair fraîche et de crimes vidéo. L'horreur est humaine dans ce Mexique décidément pas très catholique, et le diable rôde sous le bénitier ». L’Aztèque du charro laid a été écrit par Pierre Delepierre qui vit au Mexique, ce qui permet au héros de déguster, sous la plume d'un connaisseur, de la Corona, Dos XX, Tecate, Bohemia, Pacifico …
L’Aztèque du Charro laid
Pierre Delepierre
Editions Baleine – 1999
Dans Aztèques freaks, de Stéphane Pajot, le Mexique n’est qu’un élément d’arrière plan. Parmi la galerie de monstres de l’Olympic Circus, certains ont des accointances avec les civilisations précolombiennes. On est bien loin du continent américain puisque l’action se déroule à Nantes. Toutefois, l’image de couverture qui représente Wanda, une charmeuse de serpent, n’est pas sans rappeler une scène torride jouée par l’actrice mexicaine Salma Hayek dans le film de Roberto Rodriguez, Une nuit en enfer, scène au cours de laquelle la voluptueuse Salma se déhanche langoureusement enlacée avec un énorme python. L'auteur évoque aussi par l'intermédiaire de liliputiens aztèques (comprendre d'origine mexicaine), l'horrible famine des années Lapin (selon le calendrier des dits aztèques) autour de l'année 1454, contre laquelle Moctezuma 1er aurait fait sacrifié aux Dieux des nains, des géant, des albinos et autres individus au physique anormal, en les précipitant dans un puits près de la lagune de Chumaya*. Il y a aussi un petit passage sur El Xolo, El Xoloïtzcuintle, le chien envoyé du dieu Xolotl. Dans la mythologie, ce chien aidait les défunts à rejoindre l'au-dela. Cette légende a été mise en scène par la troupe de théatre de rue nantaise, Royal de Luxe, à son retour du Mexique en 2011. Les puristes mexicanophiles remarqueront au cours de cette agréable ballade dans la ville de Nantes (à Montaigu) quelques rares confusions entre les cultures mayas et aztèques.
Aztèques Freaks
Stéphane Pajot
Editions Baleine – 2012
Chili Incarne
Gérard Delteil
Editions Baleine – 1998
Les amateurs de calembours remarqueront qu’avec le mot aztèque, on fait rapidement le tour des jeux de mots possibles et qu'ils tournent toujours autour du filet de boeuf. Je vous en livre un dernier. A l’époque précolombienne, dans le Mexique dominé par les Aztèques, les transactions commerciales se faisaient au coucher du soleil. Cette habitude n’avait pas de rapport avec le culte solaire, mais était due à une astuce des commerçants. La plupart des marchandises vendues étaient emballées dans des fibres végétales telles que le maïs, le yucca ou le cizal, qui avaient la propriété d’absorber la moindre humidité. En pesant les marchandises et leurs contenants à la tombée du jour, l’air jusque là très sec se chargeait de l’humidité du soir, aussitôt absorbée par les fibres, augmentant ainsi la tare des produits pesés. C’est l’origine de l’expression « l’aztèque tare tard ».
PhH
* Pas de trace de cette lagune sur le net.
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