Prayers for the Stolen
éditions Flammarion, 08/2014
Résumé éditeur
Ladydi, quatorze ans, est née dans un monde où il ne fait pas bon être une fille. Dans les montagnes du Guerrero au Mexique, les femmes doivent apprendre à se débrouiller seules, car les hommes ont les uns après les autres quitté cette région pour une vie meilleure. Les barons de la drogue y règnent sans partage. Les mères déguisent leurs filles en garçons ou les enlaidissent pour leur éviter de tomber dans les griffes des cartels qui les « volent ». Et lorsque les 4X4 patrouillent dans les villages, Ladydi et ses amies se cachent dans des trous creusés dans les arrière-cours, pareilles à des animaux qui détalent pour se mettre en sécurité. Alors que la mère de Ladydi attend en vain le retour de son mari, la jeune fille et ses amies rêvent à un avenir plein de promesses, qui ne serait pas uniquement affaire de survie. Portrait saisissant de femmes sur fond de guerre perdue d'avance, Prières pour celles qui furent volées, écrit dans une langue brûlante et charnelle, est une histoire inoubliable d'amitié, de famille et de courage.Extraits
" Je ne suis allée à l'école que jusqu'à la fin du primaire. La plupart de ces années-là j'étais un garçon. Notre école était une petite pièce, en bas de la colline. Certaines années, les instituteurs ne se présentaient même pas, ils avaient bien trop peur de venir dans cette région. Ma mère disait qu'un instituteur qui avait envie de venir chez nous était soit un trafiquant, soit un imbécile. Personne ne faisait confiance à personne."
" Il ne m'a fallu qu'un seul jour pour comprendre qu'être en prison, c'était comme porter une robe à l'envers, un gilet mal boutonné ou la mauvaise chaussure sur le mauvais pied. Ma peau se retrouvait à l'intérieur et mes veines et mes os à l'extérieur, exposés."L'avis de Marie-Laure Turoche, Librairie L'Écriture, Vaucresson
Ce premier roman de Jennifer Clement est aussi bouleversant que l’annonce son titre. À travers son livre, elle rend hommage aux femmes victimes de la barbarie des hommes.Nous sommes dans les montagnes de Guerrero, au Mexique. Les femmes y vivent entre elles, telles des amazones. Les hommes sont partis travailler à Acapulco ou aux États-Unis. Les fillettes doivent se faire passer pour des garçons ; lorsqu’elles grandissent, elles s’enlaidissent ou se cachent dans les trous des arrière-cours afin de ne pas se faire kidnapper par les cartels de la drogue. Notre narratrice a 14 ans. Elle s’appelle Ladydi. Sa mère a choisi de lui donner le nom d’une femme trompée pour jeter la honte sur son mari infidèle. Quoi qu’il en soit, elle est pour moi une véritable princesse. Lorsque Ladydi réussit enfin à quitter les montagnes, elle est rattrapée par une sombre histoire de meurtre. On bascule alors dans l’univers carcéral. J’ai aimé toutes les femmes de ce livre : elles sont belles ou défigurées, cruelles ou pleines d’amour. Nous pleurons, rions et espérons avec elles. Ce qui est très émouvant dans ce roman, c’est cette solidarité indéfectible entre les femmes, que ce soit dans les montagnes ou en prison. Une solidarité magnifique et lumineuse dans cet univers poussiéreux et brutal. Un roman qui n’est pas sans nous rappeler une bien triste actualité.Source : Magazine Page
L'auteur
Jennifer Clement est née en 1960 aux Usa dans le Connecticut. Ses parents se sont établis au Mexique quand elle avait un an. Jennifer Clément vit à Mexico.
L'action se passe dans l'état de Guerrero au Mexique, état plus connu pour les plages d'Acapulco. Dans les montagnes ou vivent de nombreuses communautés indigènes, les hommes ont émigré pour chercher d'hypothétiques meilleurs revenus. Les femmes sont à la merci des narco-trafiquants qui cultivent les champs de pavots. Régulièrement, ils surgissent armés jusqu'aux dents* pour enlever les filles malgré les ruses des mères pour les dissimuler (cheveux courts, dents noires, mal vêtues, prénoms de garçons) et qui les cachent au moindre bruit de moteur. Ainsi vivent Ladydi, Maria, Estefani et Paula, une sera volée. Le livre aborde la nouvelle activité des cartels de la drogue qui se sont lancé dans le trafic d'êtres humains depuis déjà quelques années. Ce qui nous ramène à l'autre actualité du lieu, et la disparition des 43 étudiants de l'école normale rurale d'Ayotzinapa, école qui forme ceux qui se destinent à être instituteurs dans es zones reculées du Guerrero. Ce fait divers tragique illustre l'omniprésence du crime organisé dans cet état, de la collusion de nombreux policiers et politiques avec les cartels, et de la violence sauvage, aveugle et barbare qui se répand au Mexique. Une violence qui s'exerce très souvent contre les femmes, faisant du Mexique une triste terre de féminicides.
PhH
* : lire La Tribune de Genève, 27/11/2014
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