Gallimard, 1988
Folio essais 1990
Présentation de l'éditeur
Au cours du mois de mars 1517 les ambassadeurs de Moctezuma, seigneur de Mexico-Tenochtitlan, accueillent le navire de Hernan Cortés en "mangeant la terre", selon le rituel de bienvenue réservé au dieu Quetzalcoatl, et cette rencontre initie l'une des plus terribles aventures du monde qui s'achève par l'abolition de la civilisation indienne du Mexique, de sa pensée, de sa foi, de son art, de son savoir, de ses lois. Dans cet affrontement, l'un représente la magie, la ferveur religieuse, le doute, tandis que l'autre apporte la certitude et la puissance de l'Europe conquérante. De ce choc des mondes vont naître les siècles de colonisation, c'est-à-dire, grâce à la force de travail des esclaves et à l'exploitation des métaux précieux, cette hégémonie de l'Occident sur le reste du monde, qui dure encore aujourd'hui. Alors commence le rêve, comme un doute, comme un regret, qui unit les vainqueurs et les vaincus à la beauté et aux forces secrètes du Mexique. Rêve du soldat Bernal Diaz del Castillo, témoin des derniers instants du règne orgueilleux des Aztèques, rêve de Bernardino de Sabagun devant les ruines de la civilisation et la splendeur des rites et des mythes qui s'effacent, rêve sur les paroles prophétiques de Nezahualcoyotl, le roi-poète de Tezcoco. Rêve qui s'achève dans la mort des dernières nations nomades du nord et du nord-ouest - les "barbares", Chichimèques, Tepehuanes, Seris, Yaquis, Apaches. Rêve que poursuit Antonin Artaud, jusque dans la Montagne des Signes, au pays des Indiens Tarahumaras. Le rêve mexicain, c'est cette question aussi que notre civilisation actuelle rend plus urgente : qu'aurait été notre monde, s'il n'y avait eu cette destruction, ce silence des peuples indiens ? Si la violence du monde moderne n'avait pas aboli cette magie, cette lumière ?
« Le rêve mexicain ou la pensée interrompue » est un essai écrit par Jean-Marie Le Clézio. Ce livre a été publié en 1988 dans la collection Folio Essais.
L’auteur, un grand connaisseur du Mexique et de son histoire, s’interroge, comme beaucoup d’entre nous, sur la brutale disparition des grandes cultures et civilisations indiennes de Mesoamérique au XVIe siècle et bien évidemment, principalement, sur l’anéantissement de la civilisation mexica de l’actuel Mexique par les conquérants espagnols. Le Clézio s’intéresse de près aux personnages du capitaine Hernan Cortés, conquistador espagnol, de La Malinche interprète indigène et compagne de Cortés, de Moctezuma II, empereur régnant à l’arrivée des espagnols et du courageux résistant Cuauhtémoc, le dernier des empereurs aztèques. Ces personnages furent les acteurs principaux de la conquête du Mexique à partir de 1519.
Dans « l’Histoire véridique de la conquête de la Nouvelle Espagne » Bernal Diaz del Castillo, compagnon lettré d’Hernan Cortès, donne sa version des faits de façon détaillée ce qui, pour Le Clézio, est une excellente source d’informations.
L’auteur imagine ce que seraient devenues ces civilisations amérindiennes si elles n’avaient pas été réduites brutalement au silence. Comment la pensée indigène aurait pu influencer nos civilisations occidentales.
Voici des questions récurrentes pour ceux qui sont en désaccord avec l’idéologie de la colonisation qui, trop souvent, extermine des êtres humains et leurs pensées et détruisent de magnifiques civilisations.
Ch. Bertheuil
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