30 mai 2013

Coup de sang

Enrique Serna
Titre original : La Sangre erguida
Traduit de l'espagnol (Mexique) par François Gaudry
éditions Métailié, mai 2013
Prix Antonin Artaud 2010

Splendeurs et misères de l’orgueil masculin. Soit un modeste garagiste mexicain qui a plaqué femme et gosses pour suivre à Barcelone une bombe dominicaine, chanteuse de salsa, aussi irrésistible qu’assommante. Soit un séduisant quadragénaire catalan, dont les femmes sont folles, mais qui est encore puceau à 47 ans parce qu’il se croit impuissant et qui en désespoir de cause a recours au Viagra. Soit enfin, ou presque, un acteur porno argentin en fin de carrière qui perd tous ses moyens sur un tournage après être tombé raide amoureux d’une jeune et jolie étudiante qui le croit chercheur en génétique… Quand ces trois-là se croisent, avec quelques autres qui font, ou pas, dans la dentelle, le cocktail est explosif.

Coup de sang est une tragicomédie sexuelle débridée, crue, farcesque, panique, un vaudeville délirant qui risque de choquer les belles âmes, dans lequel Enrique Serna déploie toute sa verve caustique et son humour féroce, entre passions et pulsions, entre triomphes et fiascos. Peinture au vitriol de la sexualité contemporaine, portrait grinçant du macho, mais aussi de l’hystérique moderne, ce Coup de sang d’un des plus talentueux et singuliers écrivains d’Amérique latine est un roman crépitant de folies diverses et variées, dont la lecture réserve, jusqu’au bout, bien des plaisirs et des surprises.

(résumé de l'éditeur)

Enrique Serna

Le changement d'éditeur, de L'atelier du gué pour Métailié depuis 2009 et le livre Quand je serai roi a entrainé un changement de traducteur. C'est maintenant François Gaudry qui s'y colle, en lieu et place de Marie-Ange Brillaud, MAB, qui publie quelques chroniques sur Casa Dely.

Pendant ce temps, au Mexique, Enrique Serna présentait le 30 mai 2013 son dernier livre, La ternura caníbal au foro cultural coyoacanense Hugo Arguelles, recueil de courtes histoires dans lesquelles Serna lache toute son ironie et sa noirceur saitirique.



PhH

15 mai 2013

El Día de Muertos, une marque déposée aux USA ?

Non, malgré le titre, nous ne sommes pas encore début novembre quand, les 1 et 2 de ce mois le Mexique célèbre el Día de muertos (jour des morts). Mais en ce mois de mai 2013, en prélude à un prochain dessin animé, la compagnie Pixar - Disney avait déposé une demande pour faire enregistrer à son bénéfice la marque "Día de muertos", titre du film d'animation à venir. Face au tollé provoqué au Mexique, dans la presse et les réseaux du net, et à l'impact très négatif de ces réactions, Disney a finalement fait marche arrière. Le Mexique l'a échappé belle une fois de plus.


L'information vue par TV Notas


C'est José Guadalupe Posada qui doit être content !


Comme le rappelle l'article ci-dessus, le Día de muertos a été reconnu dès 2003 comme patrimoine de l'humanité par l'UNESCO. Pour tout savoir sur cette incontournable fête mexicaine, Casa Dely vous recommande la lecture des trois numéros que la revue Artes de Mexico, édité par Alberto Ruy Sánchez, y consacre, revue qui est certainement une des meilleures publications sur les traditions populaires du pays.



Cette initiative avortée de Pixar rappelle la tentative d'enregistrement de la marque "Virgen de Guadalupe" par un chinois, Wu You Lin, pour 2 mil 400 pesos. Lire à ce sujet juridiquement complexe un article de La Jornada. A lire sur ce site un article sur les marques de vierges déposées.

PhH

14 mai 2013

Tsunami mexicain

Joe R. Lansdale
édition Gallimard Folio, avril 2013

Harp Collins et Leonard Pine sont deux habitants de l’East Texas. L’un est blanc, hétéro, démocrate, Harp, alors que Leonard est républicain, homo et noir. Ils sont amis « à la vie à la mort », et vivent donc ensemble de trépidantes et souvent très violentes aventures. Leurs appartenances sexuelles et raciales étant en plus une solution pour l’auteur de faire le portrait sociologique de leurs rencontres, en fonction des affaires auxquelles ils sont mêlés et où elles se déroulent.

Tsunami mexicain démarre en trombe. Harp sauve une jeune fille des mains d’un cinglé en train de la battre à mort, et touche de la part de son père une somme rondelette. Il va en profiter pour partir en vacances avec son pote. Ils choisissent une croisière sur le golfe du Mexique, première étape, Playa del Carmen. Leonard, entre autres traits d’un caractère affirmé est ombrageux. Une dispute avec un steward dégénère. Pour se venger, ce dernier leur communique de faux horaires sur les navettes entre le port de Playa et leur bateau. Ils vont donc se retrouver coincés au Mexique.

Comme de bien entendu, les ennuis leur fondent dessus comme la misère sur le pauvre monde. Les voila aux prises avec des agresseurs armés de machettes, policiers le jour à Cozumel, voyous le soir à Playa. Ils vont aussi rencontrer quelques figures mexicaines classiques du roman noir. Un vieux et pauvre pécheur qui trime pour financer les études de sa fille chez les gringos, et qui a contracté un prêt auprès d’un parrain local. Ce chef mafieux a des méthodes de zeta, à savoir qu’il a une forte tendance à démembrer à la machette ceux qui se mettent en travers de ses projets. Quant à la jeune fille, elle n’a pas vraiment brillé dans ses études et la voila plus ou moins obligée de vendre ses charmes pour aider son papa à rembourser le prêt. C’est au chant de cette sirène qu’Harp va céder, et mettre son nez, entrainant celui de Leonard, dans le monde dangereux du crime organisé mexicain de la péninsule du Yucatan. Ils vont à peine avoir le temps d'apprécier la quiétude de Tulum.

  Un aigle vigilant près d'un embarcadère de Cozumel

Les personnages de Joe R. Lansdale sont toujours attachants, loin d’être des super-héros, ils sont plutôt des altruistes de l’aide sociale, des redresseurs de torts rendant service à des gens de leur milieu c'est-à-dire le commun des mortels, des gens humbles doté d’un pouvoir économique limité et donc n’ayant que peu accès à la police ou à la justice des tribunaux. Joe R. Lansdale est un chroniqueur de l’Amérique profonde, particulièrement des états du sud, ou le langage est pour le moins imagé et souvent grossier, parfois excessivement d’ailleurs. L’auteur choisi également ses méchants parmi les pires représentants de l’espèce humaine : personnages sombres en rupture totale, adepte de la violence aveugle, sans conscience ni morale ni foi ni loi, rongés par la drogue ou l’alcool, et se comportant comme les pires prédateurs. Ses représentants mexicains ont donc gachette et machette faciles, ont dotés des penchants sadiques à faire frémir, s’en prennent aux plus faibles, trafiquent sur tout et notamment sur les objets d’art mayas et distillent à chaque instant un machisme exacerbé.

Fidèles à leur tactique, Harp et Leonard finissent par corriger les vilains, y laissent des plumes et les victimes collatérales sont nombreuses. C’est du roman noir, pas de l’eau de rose. Les chairs y sont meurtries, et les cœurs, pourtant pas d’artichauts, aussi. A travers l’histoire des protagonistes mexicains, Beatrice et son père Ferdinand, le mafieux Juan Miguel et son sicaire, Joe R. lansdale dresse un court mais percutant portrait des oubliés du tourisme de Cancun, dont les retombées en espèces ne profitent pas à tout le monde, et des migrants qui passent la frontière pour aller glaner quelques dollars et les renvoyer au pays, histoire de partager un – minuscule- bout du rêve américain. La collusion entre certains scientifiques et universités avec la mafia locale pour se procurer des objets issus de fouilles archéologiques sans passer par les circuits officiels est un sujet assez peu abordé et donc original.

PhH

7 mai 2013

Le printemps de FOLIO aux couleurs du Mexique

Primavera mexicana. Rien à voir avec des révolutions politiques vues dans d'autres pays du monde , ni même d'une résurgence du mouvement Yo soy #132, emmené par les étudiants mexicains il y a un an. Ce printemps 2013 fleurit sur les livres dont les couvertures se parent de couleurs issues de l'imagerie mexicaine, calaveras, tequila, mezcal, falda floreada ...  Folio, les collections au format poche des éditions Gallimard publient plusieurs livres ayant trait au Mexique, que ce soit par l'auteur, le thème ou le titre.

Mexico noir, présenté par Paco Ignacio Taibo II
Ouvrage collectif d'Eugenio Aguirre, Óscar de la Borbolla, Rolo Díez, Bernardo Fernández, Víctor Luis González, F.G. Haghenbeck, Juan Hernández Luna, Myriam Laurini, Eduardo Monteverde, Eduardo Antonio Parra, Julia Rodríguez et de Paco Ignacio Taibo II.
Traduit de l'espagnol (Mexique) par Olivier Hamilton.
Mexico, ville protéiforme et extravagante, gangrénée par la violence et la corruption, asphyxiée par la pollution, est au cœur de ces douze nouvelles. Flics pourris, narcotrafiquants, population métissée et apeurée, tous les éléments sont réunis pour faire de cette mégapole le théâtre de tous les crimes. 
(Présentation de l'éditeur). 

  Martini shoot, de F.G. Haghenbeck
Une enquête de Sunny pascal
(titre original : Trago Amargo)
Traduit de l'espagnol (Mexique) par Juliette Ponce

Un zeste d’érotisme et de glamour, un soupçon de jalousie et de rivalité, une bonne mesure de soleil et d’humour, quelques gouttes de chantage et de spéculations immobilières, mélangez pour obtenir un cocktail explosif à déguster sans modération ! Sunny Pascal, détective privé et surfeur, doit assurer la sécurité pendant le tournage à Puerto Vallarta de La Nuit de l’iguane, le film de John Huston. Le casting réunit aussi bien Liz Taylor, Richard Burton, Ava Gardner que Deborah Kerr et Sue Lyon... Autant dire que, pour tenir le coup, Sunny va avoir bien besoin de quelques verres.
(Présentation de l'éditeur).

Vif comme le désir, de Laura Esquivel
(Titre original : Tan veloz como el deseo)
Traduit de l'espagnol (Mexique) par Eugène Frédéric Illouz

« Ce qui m’émeut le plus dans les paroles, c’est leur capacité à transmettre de l’amour. Tout comme l’eau, les paroles se prêtent extraordinairement bien à la conduction du courant électrique. L’énergie amoureuse possède un énorme pouvoir transformateur, et mon père en avait à revendre ». En plongeant dans le passé de sa famille, Lluvia ressuscite une étonnante histoire d’amour. Celle qui unit Luca, d’origine bourgeoise, au télégraphiste Julio, capable de percevoir les pensées de ceux qui l’entourent. Pourquoi se sont-ils séparés ? Lluvia saura t-elle les réconcilier ?
L’auteur de Chocolat amer*, best-seller mondial, mêle le sourire aux larmes, la sensualité à la sensibilité. Elle nous offre, en hommage à son père, l’histoire d’une passion, entre tragédie et bonheur de vivre.
(Présentation de l'éditeur).
* : Como agua para chocolate, ndB

Tsunami Mexicain de Joe R. Lansdale

Une enquête de Hap Collins et Leonard Pine
(Titre original : Captains Outrageous)
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Bernard Blanc

Que faire quand on vous donne 100 000 dollars? Pour Hap Collins et Leonard Pine, la réponse est évidente : une croisière entre potes au Mexique. Très vite leur voyage prend une tournure inattendue lorsque le Sea Pleasure lève l’ancre en les oubliant à Playa del Carmen... Est-il utile de préciser que les ennuis n’ont que faire des frontières? Dans le golfe du Mexique comme au Texas, les méchants, les mafieux, les flics véreux et les bagarres sont au rendez-vous.
Le boson et le chapeau mexicain, de Gilles Cohen-Tannoudji, Michel Spiro
sombreo de mariachi