photo : Aristeguinoticias.com
Le poète, romancier, critique et traducteur mexicain José Emilio Pacheco, lauréat du prix Cervantès 2009, est décédé ce dimanche 26 janvier 2014 dans un hôpital de Mexico, sa ville natale. Tandis que le Conseil national pour la culture et les arts a annoncé le décès de l'écrivain âgé de 74 ans, la presse ajoute qu'un arrêt cardiaque en serait la cause.
Avec des pairs écrivains comme Sergio Pitol, Juan Vicente Melo et Carlos Monsivais, également décédés, José Emilio Pacheco faisait partie de la génération des années 50 de la littérature mexicaine. Il était notamment spécialiste de la littérature mexicaine du XIXe siècle et de Jorge Luis Borges.
Si il avait décroché le prestigieux prix Cervantes 2009, remis en personne par le roi d'Espagne Juan Carlos, le poète a également été primé, entre autres récompenses, des prix Octavio Paz 2003, Pablo Neruda en 2004, et Reine Sophie de poésie en 2009.
Sa biograhie sur le site de l'institut Cervantès :
José Emilio Pacheco Berny (Ciudad de México, 1939-2014). Poeta, narrador, ensayista y traductor, ha sido uno de los escritores más importantes de la literatura mexicana del siglo XX.
Estudió en la Universidad Nacional Autónoma de México, donde inició sus actividades literarias en revistas estudiantiles. Colaboró en el suplemento Ramas Nuevas de la revista Estaciones, y fue jefe de redacción del suplemento México en la Cultura. Fue profesor en universidades de México, Estados Unidos, Canadá e Inglaterra. Lire la suite...
Un reportage en espagnol à regarder sur TV El Universal.
Batailles dans le désert
Batallas en el desiertio
José Emilio Pacheco
Traduction de Jacques Bellefroid
éditions Minos - La différence
Batailles dans le désert relate ces batailles que se livrent les jeunes garçons dans la cour de leur collège, à Jalisco, au Mexique après la Seconde Guerre mondiale. Elles reproduisent celles qu'Arabes et Juifs se livrent à l'autre bout de la planète. Mais aussi celle des sentiments qu’éprouve un petit garçon, décrivant sans un mot de trop, les premiers émois de cet enfant des années 50 qui tombe amoureux de la mère trop jolie d'un de ses camarades de classes. En guise de punition, il doit se confesser, subir des tests psychologiques chez les psychiatres. Et pour sanctionner cet amour indécent aux yeux d'une société puritaine, il sera changé d'école. Plus tard, il apprend le mystérieux suicide de cette femme. Il tente d'en savoir plus : personne ne se souvient de rien. S'est-il même passé quelque chose ? L'auteur excelle à peindre le doute mais surtout, par petites touches, l'insidieuse américanisation du pays.
Dans ce livre, tout est drame minuscule, regard d'intimité sur une terre d'enfance où fleurit l'humiliation. Rien ne révèle plus les fissures de la société que ces petits séismes d'un cœur pur et innocent.
Si le narrateur se souvient de ce premier chagrin d'amour, longtemps étouffé, il se souvient aussi que ces années-là, le Mexique se tournait fiévreusement vers l'Amérique. Que son père, alors quadragénaire, tentait d'apprendre l'anglais. La culture était américaine, aux couleurs d'Hollywood. Le progrès était américain et se concrétisait en réfrigérateurs, aspirateurs, mixeurs, tant attendus par sa mère. Une américanisation qui sert de toile de fond à cette « éducation sentimentale » mexicaine, déchirante et sans douceur.
Alta traición
No amo mi patria.
Su fulgor abstracto
es inasible.
Pero (aunque suene mal)
daría la vida
por diez lugares suyos,
cierta gente,
puertos, bosques de pinos,
fortalezas,
una ciudad deshecha,
gris, monstruosa,
varias figuras de su historia,
montañas,
y tres o cuatro ríos.