22 janvier 2022

Les dragons de la frontière

Tome 1, La piste de Santa Fe
Gregorio Muro Harriet (scénario), André Gil (dessins)
éditions Glénat, 02-2021

 

Présentation éditeur

 

Mai 1774. Miguel, jeune vétérinaire, est membre d’un convoi de bétail mené par une troupe de dragons de Cuera, ces fameux cavaliers lanciers espagnols chargés de garder la frontière nord-américaine de l’empire espagnol. Mais à l’issue d’une attaque de leur caravane par des Apaches, Miguel est capturé avec Madeleine, une religieuse. Adoptés par le chef de la tribu, les jeunes gens n’auront d’autre choix que de s’adapter à la rude vie de leur nouvelle « famille ». Malgré eux, ils seront pris au cœur d’une tourmente guerrière opposant Apaches, Comanches et dragons de Cuera...
Western espagnol plein de sang, de drames et d’héroïsme, Les Dragons de la frontière réussit le tour de force de respecter les codes du genre tout en y apportant un nouveau souffle, et nous replonge dans les décors mythiques de la légende de l’Ouest américain.

 

Le début de l'histoire
Une cohorte de colons espagnols remonte de Mexico vers San Juan Pueblo (au Nouveau Mexique). Ils sont escortés par des « dragons », c’est-à-dire un corps de cavaliers munis de lances et vêtus de cuir. Parmi eux, le cadet Miguel de Sasoeta s’est légèrement épris d’une nonne française de la Nouvelle Orléans. Mais malgré son haut lignage, son supérieur le sergent El Chato le rabroue sans cesse et l’oblige à rester dans le rang. Tandis qu’ils avancent péniblement sur la piste poussiéreuse, en se méfiant des crotales, ils s’aperçoivent qu’ils sont observés de loin par des guerriers apaches.

Un article de Benoit Cassel
En lisant le mot « Dragons » en titre, les lecteurs inattentifs se seront fourvoyé en déduisant qu’il s’agit d’une quête de fantasy et à ce qu’elle soit chapeautée par Jean-Luc Istin. Que nenni. Les dragons dont il est ici question appartiennent au corps de cavalerie espagnole qui était chargée de conquérir le Mexique, et dont les costumes étaient majoritairement en cuir. Nous sommes ici au moment des guerres d’indépendance américaine, en novembre 1778, mais l’action se situe en marge, plus au Sud, dans les régions encore sous occupation espagnole. Lire la suite sur Planète BD.

 La fiche du livre sur le site de l'éditeur.

Remarque : le Mexique dont il est question dans cette bd est celui d'avant 1848, avec un territoire formé par la superficie du Mexique actuel, auquel il faut rajouter l'Arizona, l'Utah, le Nouveau-Mexique, le Nevada, la Californie, et le Texas (séparé en 1836) qui rejoignent les Etats-Unis d'Amérique au terme de la guerre americano-mexicaine. Le Mexique a du céder plus de 40 % de son territoire, soit près de 2 000 000 km2. Le tome 2 Cuerno Verde, se déroule intégralement au nord du Rio Bravo au Nouveau-Mexique.

15 janvier 2022

American Dirt

Jeanine Cummins
Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Françoise Adelstain & Christine Auché
éditions 10/18, 01-2022

 

Résumé éditeur

Libraire à Acapulco au Mexique, Lydia mène une vie calme avec son mari journaliste Sebastián et leur famille, malgré les tensions causées dans la ville par les puissants cartels de la drogue. Jusqu’au jour où Sebastián, s’apprêtant à révéler dans la presse l’identité du chef du principal cartel, apprend à Lydia que celui-ci n’est autre que Javier, un client érudit avec qui elle s’est liée dans sa librairie… La parution de son article, quelques jours plus tard, bouleverse leur destin à tous.
Contrainte de prendre la fuite avec Luca, son fils de huit ans, Lydia se sait suivie par les hommes de Javier. Tous deux vont alors rejoindre le flot de migrants en provenance du sud du continent, en route vers les États-Unis, devront voyager clandestinement à bord de la redoutable Bestia, le train qui fonce vers le Nord, seront dépouillés par des policiers corrompus, et menacés par les tueurs du cartel…
Porté par une écriture électrique, American Dirt raconte le quotidien de ces femmes et de ces hommes qui ont pour seul bagage une farouche volonté d’avancer vers la frontière.
 

Avis de la Presse et des lecteurs à lire sur le site de l'éditeur

La Bestia, c'est un train de marchandises qui circule sur les deux lignes qui longent les côtes caraïbes et pacifiques. Parties du Chiapas, elles se rejoignent dans le centre-sud du Mexique, vont vers la capitale, Mexico, et une gare de triage (Lecheria), d'où rayonnent quatre lignes qui se dirigent vers le Texas, l'Arizona et la Californie.
A propos du train La Bestia :
Un article de Radio Canada de 2014
Un article sur Ouest-France de 2018
Un reportage de Brut Media sur Norma Romero qui depuis 25 ans porte secours aux migrants, 2019

8 janvier 2022

Les mortes

Jorge  Ibargüengoitia
traduit de l’espagnol (Mexique) par Dominique Fisher
éditions Gallimard - série noire, 02-1996
éditions Cambourakis, 06-2021

Présentation de l'éditeur

Archangela et Seraphina ne sont pas des anges mais plutôt des maquerelles.
Et quand une loi interdit la prostitution, les deux dames sont bien obligées de cacher leur personnel dans une maison close désaffectée, en attendant des jours meilleurs. La justice et la prostitution n'ont jamais fait très bon ménage. Mais les dames recluses et inactives finissent par avoir des montées de fièvre, si bien que certaine viennent à mourir d'étrange façon.

 

 

Basé sur des faits réels, le livre raconte l'histoire des sœurs Valenzuela qui a défrayé la chronique en 1964 au Mexique, connue sous le nom de "Las Poquianchis". Quatre sœurs maquerelles exploitaient des jeunes filles séquestrées dans des bordels à 200km de Mexico. L'histoire criminelle est tellement exceptionnelle que Dominique Fisher, traducteur et préfacier la présente comme canonique des tueurs en série au Mexique. Las Poquianchis sont à ce pays ce que Landru est à la France, Jack l'éventreur à l'Angleterre ou Al Capone aux Etats-Unis. L'auteur raconte les faits de façon romanesque et détachée, à grand renfort d'humour noir, dans une ambiance semblable à celle de L'Auberge rouge de Claude Autant-Lara, Fernandel en moins. Jorge  Ibargüengoitia, écrivain au talent reconnu et récompensé, utilise un style littéraire qui rend la lecture très agréable. On frémit souvent face aux traitements que subissent les prostituées contraintes malgré le ton très neutre volontairement adopté par l'auteur qui veut par la prendre le contre-pied des chroniques amarillistes qui se répandent après que l'affaire ait été dévoilée. Au delà des nombreuses exactions commises par les sœurs, le livre dénonce toutes les complicités et corruptions de militaires, notables, avocats, policiers, élus, fonctionnaires ... qui ont permis à cette tragédie de se dérouler sur 20 ans dans un État (Guanajuato) aux portes de Mexico. Souvent enlevées à des familles pauvres, revendues pour quelques milliers de pesos illustrant bien l'adage mexicain "la vida no vale nada", nourries avec quelques tortillas et haricots quotidiens, le sort des filles étaient abominable. Mais plutôt que de se complaire dans des descriptions sordides, l'auteur a choisi de privilégier l'étude de l'atmosphère générale du pays qui a permis que ces faits se déroulent sur une période aussi longue avant que la justice ne s'en mêle. Si le livre n'aborde "que" le cas d'une dizaine d'assassinats, les sœurs Valenzuela ont été condamnées pour la mort de 91 personnes (assassinats et infanticides), et on estime à 150 le nombre total de victimes. Pour l'auteur, là est le véritable scandale, la véritable honte pour le pays : le niveau de corruption qui gangrène déjà la haute société, l'absence de considération pour les femmes de ces clients appréciant la jeunesse de filles parfois de moins de 15 ans, l'exploitation de la pauvreté, la traite d'êtres humains et l'absence de réaction de la police de la justice et de la société avant que l'affaire n'éclate. La lecture de ce livre écrit en 1977 sur des faits jugés en 1964 donne un début d’explication à la montée de la violence, à la multiplication des féminicides et aux pouvoirs pris par le crime organisé dans le Mexique contemporain.

PhH

 

L'auteur
Jorge Ibargüengoitia Antillón (1928 - 1983) est né à Guanajuato. C'est un écrivain et dramaturge mexicain. Il remporta un grand succès avec ses récits satiriques, comme Las Muertas (Les Mortes), Dos Crimenes (Deux crimes), et Los Relámpagos de Agosto. Parmi ses pièces, Susana y los Jóvenes et Ante varias esfinges remontent toutes deux aux années 1950. En 1960, Ibargüengoitia  reçut le prix littéraire de la ville de Mexico.Dans ses romans, il s'inspire souvent d'événements réels, qu'il traite d'une façon sardonique. Pour Les Mortes (1977) il traita du plus horrible fait divers de son état de naissance : l'histoire des sœurs Delfina & María de Jesús González, deux tenancières de bordel, chez qui on retrouva 91 cadavres en 1964. 

 

L’édition de 2021 aux éditions Cambourakis

 

Las muertas
editorial RBA libros

Si al despertarse, Simón Corona se hubiera vuelto a su casa, los crímenes de Las Poquianchis habríanpermanecido ocultos. Pero el destino tenía escrita otra historia. El reencuentro con Serafina Baladro, su amante, lecostará a Simón Corona cuarenta y ocho balas de calibre reglamentario, y aún así se librará de la muerte. Pero tambiénle valdrá una confesión ante el inspector Teódulo Cueto: una vez ayudó a Serafina y a su hermana Arcángela a trasladarel cadáver exhumado de una mujer.La obra maestra de Jorge Ibargüengoitia es la extraordinaria recreación de un casoreal que conmocionó el México de los años sesenta, cuando aparecieron varios cadáveres de prostitutas en distintaspropiedades de las dos madame, dueñas de tres burdeles. Las muertas está construida a partir de diversos testimonios,voces que se reúnen para dar forma a un universo literario único.