Christian Rossi (scénario et dessin)
éditions Casterman, 10-2023
Présentation de l'éditeur
Le souffle épique du western revisité par un maître du dessin.
Banni de son peuple pour conjurer une malédiction, le novice apache Woan doit apprendre à survivre. Après avoir affronté, seul, à la frontière nord-ouest du Mexique, dans le désert de Sonora, les épreuves des éléments naturels et des passions humaines, le jeune homme croise la route d’un guerrier dont les faits d’armes et la spiritualité ont marqué l’Histoire des Etats-Unis et la légende dorée de l’Ouest : Geronimo !
En nous faisant revivre l’ultime élan de résistance d’une civilisation en péril, Christian Rossi donne à lire son œuvre la plus personnelle et la plus inspirée.
Informations
ISBN :
978220322669
Nombres de pages : 168
Prix : 34,90€
La chronique de Patrick Bouster sur Planète BD
Dans un territoire proche du Mexique, les Apaches sont pris en tenaille
entre soldats américains et truands mexicains, un peuple avec lequel ils
commercent. Woan, un garçon indien, se trouve banni par sa tribu pour
sa maladresse qui a coûté la vie à un autre garçon, tué par un ours. Il
va devoir tout apprendre seul. Son voyage solitaire l’oblige à
apprivoiser peu à peu la nature. Lozen, une jeune fille indienne, fille
du chef Vittorio, croise son chemin et lui apprend la ruse, à être plus
autonome, et à tuer. Geronimo, chef Apache et aussi chaman, se présente à
eux par surprise, et emmène Woan pour faire partie de ses soldats dans
sa lutte contre l’oppresseur et continuer ainsi son éducation, son
initiation. Accompagné de trois guerriers et Woan, Geronimo mène sa
route rythmée par des batailles terribles. Mais la fin des Apaches approche…
Christian Rossi est très doué, ce que le monde de la BD sait depuis longtemps,
son aisance est grande à, non pas mettre artificiellement en spectacle,
mais donner à voir, parfois entrevoir, ressentir ce peuple indien, la
déesse Nature et les ambiances guerrières ou sereines. Cette fois, il a
choisi l’acrylique pour des rendus parfois poudreux, parfois mats, des
images en couleurs directes pleines de lumières et d’ombres changeantes,
de poussières, de végétaux et d’animaux, de matières de toutes sortes.
Cette maîtrise de la technique n’est pas pour « faire joli » ou pour
l’esbroufe, mais pour visualiser des impressions, des situations
enchaînées entre elles, au service de l’histoire...
A lire sur Planète BD
La chronique de Frédéric Grivaux sur ZOO
Le premier contact avec l’album est d’abord graphique. On découvre des
cases muettes, le paysage est aride, les teintes sont ocres, jaunes,
lumineuses, on sent la chaleur du soleil. C’est le désert, des chevaux
s’aventurent entre les rochers, les cavaliers scrutent le moindre des
recoins, à l’ombre de leur sombrero…
On est assez vite interpelé par l’écriture extrêmement fine et profonde de Rossi,
qui raconte par l’image, par les mots, par les silences et les non-dits
ce parcours captivant, en marge des grandes sagas vengeresses, pleines
de leçon d’Histoire. Il adopte le ton de la confidence, le jeune Woan
nous murmure le récit, insiste sur certains moments clés, sur certaines
étapes, sans pour autant tomber dans le plaidoyer amer et moralisateur.
Rossi s’émancipe en finesse des codes narratifs conventionnels, ne tombe
pas dans le piège des romances trop classiques, ne nous propose pas non
plus de déroulé trop téléphoné. L’intrigue se déploie tranquillement,
lui permettant de ciseler ses mises en scène, de travailler ses
cadrages, sans charger de texte superflus, ni de sensationnalisme
gratuit...
A lire sur ZOO
© Christian Rossi - Casterman |
L'entretien avec Christian Rossi sur BD Gest'
... " C. R. : Comme vous l’imaginez,
j’ai toujours aimé la BD de genre et notamment le western car c’est un
merveilleux terrain de jeu. On peut se mettre à la place des Indiens ou
des Mexicains, de la cavalerie américaine, des pionniers, des cowboys,
il y a tellement d'entrées possibles... Il y a eu une sorte de coup de
vieux infligé à ce genre avec, en parallèle, le cinéma hollywoodien. Je
ne trouve pas particulièrement d’explications à ce renouveau... Il y a
peut-être l'envie aujourd'hui de se frotter, dans le cas de la BD, à
d’illustres prédécesseurs. Il y a un peu de prétention à vouloir passer
après des mecs comme Jijé, Giraud, Hermann... Evidemment, ça oblige un
peu à se tenir droit, à avoir bossé quelques aspects du western,
notamment des bonshommes sur des chevaux, pour amener quelque chose de
nouveau et pas seulement rendre hommage "...
A lire sur BD Gest', propos recueillis par L. Gianati
© Christian Rossi - Casterman |
Pour en savoir un peu plus sur les guerres menées par le Mexique contre les Apache, on peut se reporter aux mémoires de Jason Betzinez (1860-1960), un des cousins de Geronimo (1829- 1909), traduits pour la première fois en français. Aux côtés de Geronimo, l’Indien le plus célèbre du XIXe siècle, il nous fait revivre les raids menés par ce chef mythique et sa tribu contre l’armée américaine et mexicaine, de 1858 à 1886. Lire sur Géo, "J'ai combattu avec Géronimo, la saga d'un Apache rebelle".
Geronimo, dont le nom apache est Go Khla Yeh (Celui qui baille), est l’un des protagonistes des guerres apaches, et le dernier à continuer à se battre contre le Mexique et les États-Unis, jusqu'à sa reddition en 1886. En 1858, sa mère, sa femme et trois de ses enfants sont assassinés par l’armée mexicaine près d’un village appelé Kas-ki-yeh. Il entame alors des raids de représailles en territoire mexicain. Il mène une bataille le , jour de la saint-Jérôme. Les Mexicains effrayés par la furie des Apaches invoquent saint Jérôme pour leur défense. Il prend alors ce nom de Géronimo. Les Mexicains tueront sa nouvelle épouse et son fils au cours d'une autre embuscade.