Orfa Alarcón
Traduit de l'espagnol (Mexique) par Mélanie Fusaro
éditions Asphalte - 03/2018
Présentation de l'éditeur
Monterrey, au nord du Mexique. Fernanda, vingt ans, rencontre Julio. Une passion dévastatrice les lie immédiatement. Mais la jeune femme prend rapidement conscience qu’elle ne sait pas grand-chose de son petit ami, qui est en permanence escorté par des hommes de main.
Isolée dans une luxueuse villa, Fernanda se coupe bientôt de sa famille, de ses amis, de ses études – d’une existence normale, en somme – et découvre un nouveau quotidien fait d’argent facile, de fêtes bling-bling, d’épouses potiches, de passe-droits et de violence. Certes, tant qu’elle sera avec Julio et lui restera soumise, rien ne pourra lui arriver. Mais viendra le jour où Fernanda perdra ses illusions et découvrira qui elle est vraiment.
Ni de jour ni de nuit est un roman sauvage, énergique, porté par sa jeune et bouillonnante narratrice.
Source : éditions Asphalte
L'avis de Christian Roinat sur Nouveaux Espaces Latinos
Extraits
Monterrey compte aujourd’hui plus d’un million d’habitants ; il y a quelques dizaines d’années à peine, c’était une ville provinciale, tranquille, presque endormie. Mais tout a changé : des cartels de la drogue s’y sont installés, ainsi que dans la région, et la violence a fait son apparition. Règlements de comptes entre bandes rivales, enlèvements contre rançon… sont devenus des phénomènes courants. C’est dans cette ville et dans cette atmosphère que nous entraîne Orfa Alarcón dont Ni de jour ni de nuit est le premier roman.
Fernanda est une jeune femme objet, elle l’assume, le revendique. Comment a-t-elle connu son Julio, elle ne le sait plus trop, ou ne veut pas le raconter, peu importe, elle est à lui et elle aime ça ! Quand ils sortent dans une boîte chic et branchée, elle doit d’abord passer par le salon de beauté, et c’est lui qui choisit sa courte jupe moulante, mais à peine arrivés, il l’oublie dans un coin pour passer des heures avec un groupe de machos, probablement pour parler « affaires ». Lui, il a peut-être un léger défaut : rien ne semble compter à part lui-même, et il n’est pas question de poser la moindre question ou de dire le moindre mot sur ses activités. Son attitude à elle peut se résumer en une simple phrase d’elle : « Depuis le début j’avais offert mon cou à ses dents. » Ah, l’amour !
Dans toute situation, il y a le pour et le contre ; Fernanda en est consciente. Pour elle, le contre, c’est cette atmosphère de violence très marquée (des corps décapités tout de même) qui l’environne ; le pour, c’est la sensation de puissance que lui confère la protection dont elle bénéficie, Julio n’ayant rien ni personne au-dessus de lui, elle se sent au sommet, elle qui poursuit des études de Lettres à la fac locale, pas toujours très assidûment.
Les chapitres, très courts, donnent un rythme trépidant au récit, la narratrice, qui vit parallèlement entre deux univers, la fac et la pègre (une pègre haut de gamme), est perpétuellement pressée d’aller plus loin ; un plus loin qui semble vide et dérisoire, en dehors de cette curieuse soif d’apprendre, de savoir, que ses études aident à étancher. On a rarement vu ce genre d’héroïne qui n’a rien d’une écervelée et qui est consciente de sa situation.
Ni de jour ni de nuit restera probablement l’un des romans les plus originaux ayant pour thème les cartels mafieux, qui sont si souvent décrits dans les romans ou au cinéma. Ici les voyous, tout machos qu’ils soient, peuvent être tendres, montrer parfois des faiblesses et même avoir des éclairs, brefs, c’est vrai, de morale traditionnelle. Ces hésitations, produites par un esprit capable de déchaîner par ailleurs les pires horreurs, font la force de ce premier roman à ne pas manquer.
Christian ROINAT
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