Alberto Ruy-Sánchez et son traducteur Gabriel Iaculli étaient de passage à Arles ce 29 avril dans le cadre de la sixième édition du festival littéraire Colibris. Au cours de cette rencontre, on a pu apprécier l'enthousiasme d'Alberto Ruy-Sánchez, ses talents de conteur et la capacité qu'il a à transmettre ses passions. Passions pour l'écriture, la lecture, les cultures du monde et notamment sa ville de référence Mogador, où il situe 5 de ses romans (aujourd'hui Essaouira au maroc), mais sans oublier ses racines mexicaines, son goût pour le baroque (une civilisation non-aboutie selon lui) et les traditions populaires mexicaines.
Mais pour qu'un livre soit partagé par les lecteurs de toutes langues, encore fait-il qu'il soit traduit, et bien traduit afin de ne pas trahir l'esprit de l'auteur. C'est cet exercice difficile qu'a présenté Gabriel Iaculli. Afin d'être au plus près de l'écriture d'origine, il se rend régulierement au Mexique, rencontre souvent l'auteur, s'immerge parfois en cas de vocabulaire spécifique dans les ambiances décrites. Ainsi, lorsque Ruy-Sánchez parlent de poterie, Iaculli se rend chez un potier pour ressentir les mêmes sensations que lui. Afin de ne pas faire d'erreur en matière de végétaux, il s'est rendu dans divers jardins botaniques au Mexique notamment celui de Oaxaca.
Cette initiative de Colibris de présenter le traducteur, travailleur de l'ombre, s'est révélée passionnante et a permis de mettre à l'honneur ce maillon incontournable de la chaine littéraire. Il est vrai que Gabriel Iaculli, auparavant chercheur en science humaines et sociales est un artiste. Modeste, il hésite à défendre le fait de faires de nouvelles traductions. Pourtant, il reconnaît qu'elles sont parfois nécessaires, lorsque la prédédente est "mauvaise" dit-il. Il cite en exemple ses derniers travaux sur une traduction de l'oeuvre de Juan Rulfo. Le premier traducteur, méconnaissant la géographie et les climats du Mexique, a "fait pousser en plein désert" des expèces tropicales. De même, lorqu'il parle de "collines", la où se déroule le roman de Rulfo, il s'agit de montagnes, "parfois colossales". Autant de petits détails faussés ou perdus lorsque le traducteur n'est pas "habité" de la même flamme avec laquelle l'auteur a choisi ses mots et la façon de les assembler.
Gabriel Iaculli (à gauche), Alberto Ruy Sánchez (à droite)
La conférence s'est terminée sur une recommandation commune d'Alberto Ruy-Sánchez et Gabriel Iaculli, la lecture du livre de Myriam Moscona, écrivain mexicaine qui a obtenu le prix Xavier Villaurrutia en 2012 pour son roman autobiographique, Tela de sevoya.
Quelques informations sur Ruy Sanchez et Iaculli sur le blog du Collège des traducteurs.
La rencontre avait pour trame le dernier roman traduit par Iaculli de Ruy-Sánchez, A mon corps désirant.
Résumé éditeur (Galaad éditions) :« Où le somnambule, fidèle à ses obsessions, s’efforce de réfléchir jusqu’au moment où il manque d’être assassiné par un mari jaloux et où il est question de magnétisme plus minéral qu’animal qui régit la vie des corps désirants. »PhH
C’est l’heure où, à Mogador, le soleil prend les amants par surprise. Zaydoun va sur la place de la Conque, cœur volubile de la ville. Il est le conteur de Mogador, mais il passe insensiblement de la place à la page, et vice versa. Distrait à chaque instant par le souvenir vivace de Hassiba, il s’est lancé dans une œuvre portée par les cinq courants de force de la Hamsa, la main du feu.
Un homme est assassiné. Par qui ? Pourquoi ? À la place du corps est retrouvé un vase en terre cuite racontant la vie du défunt, qui n’est autre que Zaydoun. C’est alors que les fragments de son corps révèlent, entre rêves et souvenirs, sa quête obsessive du désir. Mais pourquoi Tarik le potier, artisan de l’amour et artiste aussi obsessionnel que passionné, a-t-il fabriqué cette céramique ? Quel est le lien secret qui unit les deux hommes ?
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