29 novembre 2013

Entrevue avec Roger Bartra Muirá, professeur émérite à l'UNAM

Pablo A. Paranagua a publié sur son blog América Latina (VO) un excellent article consacré au Mexique, au nouveau visage du PRI (Parti Révolutionnaire Institutionnel), et au spectre politique mexicain, très différent de ce que l'on connaît en France et en Europe. A traves une entrevue de Roger Bartra Muirá, sociologue et anthropologue, professeur émérite de l'Université Nationale Autonome de México (UNAM), l'auteur nous explique les différences de positionnement politiques du PRI depuis 1928 à 2000, année ou laquelle le PAN (Parti d'Action Nationale) gagne les élections, avant de revenir au pouvoir en 2006 avec le Président Enrique Peña Nieto.

Roger Bartra Muirá
 
 
Pour situer le PRI sur l'axe droite/gauche, Roger Bartra évoque le général Lazaro Cardenas, le renoncement au nationalisme révolutionnaire, la fracture de 1994 et le soulèvement zapatiste. Plus que de droite, ou il est tout de même logique de le situer, de gauche ou du centre, pour Roger Bartra, "le PRI a toujours été pragmatique et opportuniste".

Quant à la gauche mexicaine, l'article fait remarquer que si en Europe le populisme est souvent associé à l'extrême-droite, il est en Amérique latine incarné par une gauche marquée : Hugo Chavez, Evo Morales en Bolivie, Rafael Corea en Equateur et Lazaro Cardenas puis aujourd'hui Andre Manuel Lopez Obrador au Mexique. La social-démocratie est puissante au sein de l'appareil dirigeant du PRD (Parti de la Révolution Démocratique) et a signé le pacte pour le Mexique avec le PRI et le PAN.

Pour Roger Bartra, il y a deux droites au Mexique. Le PRI qui dose populisme, nationalisme selon les fluctuations de ses intérêts et des réformes entreprises, le PAN, catholique et libéral proche des dirigeants des grandes entreprises. La gauche est de son côté éclatée entre le PRD social-démocrate  qui se coupe peu à peu de sa base populaire, et la version populiste et paradoxalement conservatrice (acquis de la révolution) du PT (Parti des Travailleurs).



Il convient d'ajouter à ces éléments, qui mettent donc en évidence de notables différences avec l'Europe et la France quant au positionnement des partis politiques, que des alliances se nouent au niveau des états pour l'élection aux postes de gouverneurs. Ce qui serait inconcevable en France est monnaie courante au Mexique ou n'importe quel parti peut s'allier avec un autre ou d'autres, avec peut être une coalition inverse dans l'état voisin.



L'article présente également les perspectives politiques du Mexique, la mise en danger du Pacte pour le Mexique signé par le PRI, le PAN et le PRD, au sujet de la réforme pétrolière et l'ouverture au secteur privé de PEMEX, l'entreprise d'état. Enfin un constat est fait sur la violence qui ne diminue pas, mais dont on parle moins.

A lire sur América Latina (VO), un blog du journal Le Monde.

PhH

6 novembre 2013

Cartouche


Novembre, au Mexique c’est le mois pendant lequel on célèbre la Révolution qui débuta en 1910 et s’acheva selon les historiens et les paramètres pris en compte, en 1917 au plus tôt en 1940 au plus tard, tant il est vrai que les soubresauts ont longtemps animé ce tumultueux chapitre de l’histoire du pays. Le 20 novembre est le jour officiel des commémorations. Période haute en couleurs, fureur, rebondissements, trahisons, massacres, elle est popularisée par des chansons épiques et romantiques (corridos de la revolucion comme par exemple Carabina 30-30), par des films (Viva Zapata, Il était une fois la révolution, …) et de nombreux romans (L’escadron guillotine de Guillermo Arriaga) ou des bandes dessinées (Historias desconocidas de la revolucion de Trino, Les amis de Pancho Villa de Leonard Chemineau). C’est l’occasion de présenter un livre peu connu, au contraire des nombreux ouvrages dédiés soit à l’histoire de cette révolution, soit à ses héros comme Doroteo Arango dit Pancho Villa, Emiliano Zapata, Porfirio Diaz, Venustiano Carranza, Victoriano Huerta…




Cartouche
Histoires vraies de la révolution mexicaine
Nellie Cambobello
Traduit de l’espagnol par Florence Olivier
Editions Caractères, 2009

Présentation et résumé de l’éditeur :

Cartouche est une œuvre du patrimoine mexicain. Une petite fille depuis sa fenêtre à Parral dans le nord du Mexique voit passer des cavaliers dans sa rue. Ils s'arrêtent, parlent aux enfants, s'entretuent, se saoulent en chantant leurs exploits. L'enfant admire les héros, contemple avec ravissement le cadavre d'un homme exécuté sous ses yeux, pleure ses amis indiens morts au combat. Brefs, tendres, morbides, ces récits sont nés des souvenirs de l'auteur, d'histoires racontées par sa mère et d'autres aînées. Nellie Campobello a décrit ce que nul autre ne voulait écrire : les moments les plus meurtriers de la guérilla de Pancho Villa contre les troupes de Carranza entre 1916 et 1920 dans le nord du Mexique. Ces fragments de mémoire sont l'unique témoignage d'un regard d'enfant sur ces faits de guerre qui ont marqué à jamais la mémoire mexicaine.


Nellie Campobello (1900? – 1983), écrivain et chorégraphe, est la seule femme ą avoir écrit sur la lutte révolutionnaire dans l’Etat de Chihuahua, au nord du Mexique. Les histoires vraies de ce livre, publié pour la première fois en 1931, sont des souvenirs d’enfant. Nellie Compobello a inauguré un style lapidaire, qui plus tard aurait pu inspirer Juan Rulfo…Cartouche est un livre unique, inégalable. Il est aujourd’hui devenu un classique de la littérature contemporaine mexicaine.


La critique de Céline Mees, de Cultures, le magazine culturel de l’Université de Liège, écrite en Juin 2012 :

Ce recueil de courts récits (1931), première œuvre en prose de l’écrivain Nellie Campobello, retrace, sur fond du conflit révolutionnaire mexicain (1910-1917), plusieurs épisodes de la vie des habitants de Parral, un petit village de montagne de l’État de Chihuahua, au Nord du Mexique.
Cartouche se caractérise avant tout par la création d’un point de vue original : celui de l’enfant qu’était l’auteur au moment de la Révolution Mexicaine, petite fille qui raconte, avec insouciance et un certain souci du détail, la violence des événements qui tissent son quotidien.
Cartouche se définit aussi par la galerie de personnages qu’il met en scène - le plus souvent, des héros de l’armée villiste et, quelquefois, des habitants du village ou des combattants des rangs carrancistes - personnages dont nous suivons les aventures, intenses et au dénouement bien souvent funeste. En somme, des portraits et des destins percutants à la manière des héros de la littérature épique.
Enfin, Cartouche allie une prose fluide, reflet du parler de la petite Nellie, à un grand lyrisme, à l’image de la première poésie de l’auteur. Les récits, par leur musicalité et leurs métaphores plastiques, inspirées du paysage ou sortant tout droit d’un imaginaire d’enfant, enveloppent le lecteur, lui faisant vivre quelques épisodes de ce chapitre de l’histoire du Mexique.
Ce livre, à la croisée du recueil de nouvelles et du roman, du récit autobiographique et de la fiction, de la prose réaliste et de la poésie, de l’insouciance et d’un certain engagement intellectuel, est un chef d’œuvre riche et énigmatique, à l’image de son auteur.


 

Carabina 30-30, corrido de la révolution, auteur inconnu
Ce titre vient de la carabine Winchester modèle 1894, calibre 30x30 (7,62), arme très prisée durant la révolution
 
Pour le lecteur désireux de connaître l'histoire en détails de la révolution, parmi les multiples ouvrages traitant du sujet, citons l'un d'entre eux écrit par quelqu'un qui y a participé, Jesús Silva Herzog (1892-1985), tout d'abord témoin de cette révolution en tant que journaliste, avant de devenir secrétaire d’un des chefs révolutionnaires. Il est par la suite devenu un universitaire, diplomate et un homme politique respecté et a notamment participé, en 1940, à la nationalisation du pétrole mexicain sous la présidence de Lázaro Cárdenas. Histoire de la Révolution mexicaine, Lux éditeur, 2010.



PhH

30 octobre 2013

Pan de muerto

Ana Maria Vazquez
Editorial Porrua, 2008

Reseña :
En Pan de muerto, un texto que obtuviera el Premio Nacional en 1991 en su versión teatral, y que ahora se presenta enriquecido en su versión narrativa para esta coección, Ana María Vázquez explora el deseo y la fascinación del ser humano ante la muerte. Una situación fuera de lo común es la que nos relata la autora, donde a través del singular encuentro de dos personajes, un maquillista de muertos con extrañas pasiones y una difunta demasiado viva, se recrea de manera erótica y burlesca la actitud festiva y de veneración del mexicano frente a la muerte, así como el machismo que se esconde detrás de esta concepción, donde la muerte es mujer...



Pan de muerto est à l'origine une œuvre de théatre.

Source.

Un petit mot sur le pan de muerto qui est la pâtisserie traditionnelle que les mexicains dégustent à l'occasion du Día de muertos, la fête des morts. Il s'agit d'une brioche confectionnée spécialement pour cette date et qui est porteuse d'une symbolique remontant aux civilisations précolombiennes.


 
 
La boule du sommet représente le crane. La brioche est parfumée à la fleur d'oranger en hommage aux défunts, la forme circulaire représente le cycle de la vie et la mort, quatre épis figurent les os et les larmes versées pour ceux qui nous ont quitté, disposés en forme de croix et représentant les directions de l'univers et les quatre points cardinaux chacun dédié à un dieu, Quetzalcóatl, Xipetotec, Tlaloc et Tezcatlipoca.
 
Lire une histoire détaillée du pan de muerto sur le site Terra (en espagnol).
 
PhH


28 octobre 2013

Mercados y tianguis para el Día de Muertos

Dirección General de Culturas Populares
Consejo Nacional para la Cultura y las Artes
Editado por la
Conaculta 2012

El texto reúne 144 fotografías que retratan la riqueza y colorido de los mercados del país durante las celebraciones a los santos difuntos.

Con el objetivo de difundir, incentivar y fortalecer las manifestaciones culturales más significativas de México a través de fotografías, pero también de actualizar el registro en imágenes de las expresiones del patrimonio vivo, especialmente del Día de Muertos, fue publicado el libro Mercados y tianguis para el Día de Muertos que la noche de este jueves 25 de octubre fue presentado en el Museo Nacional de Culturas Populares.
Durante su intervención Ana María Echeverri comentó que el libro es resultado de la segunda emisión del Concurso Nacional de Fotografía convocado por la Coordinación de Arte Popular de la DGCP del Conaculta en donde participaron 273 fotógrafos y se recibieron 732 fotografías registradas en 21 estados de la república.
“Imágenes que reflejan los elementos más importantes del Día de Muertos, una festividad declarada obra maestra del patrimonio oral e intangible de la humanidad en 2003 y ahora integrada a la lista representativa del patrimonio cultural inmaterial de la humanidad de la UNESCO”.
Mercados y tianguis para el Día de Muertos reúne 144 fotografías (en color y blanco y negro) que retratan, desde cada estado de la república mexicana, cómo y qué productos se venden las fechas previas al Día de Muertos en los mercados y tianguis; quiénes son los vendedores de cada producto, quiénes los compradores y cuál es el contexto social y económico del mercado o tianguis.
Además de observar cuáles son los productos que la gente compra con más frecuencia para adornar sus ofrendas, tumbas o casas; desde la típica flor de cempasúchil, pasando por las calaveras de azúcar o chocolate, el pan, incienso, papel picado y las velas, hasta los guajolotes, gallinas y calabazas utilizadas para la elaboración de alimentos.
“Pero también podemos ver cómo las comunidades se fotografían a sí mismas para mostrar su realidad, lo cotidiano, sus problemáticas y su poesía”, destacó Rogelio Cuéllar.
“Es decir, verán una serie de imágenes realizadas por personas y fotógrafos tanto aficionados como profesionales, que dan su punto de vista sobre el Día de muertos. Observarán fotografías que son el resultado de una visión colectiva de personas de diferentes edades y regiones que presentan imágenes representativas de lo que sucede en el país, las cuales reflejan lo que sus ojos ven; la riqueza cultural de México”, comentó Marco Buenrostro.

Las fotos fueron tomadas en diversos estados como Morelos, Chiapas, Hidalgo, Oaxaca, Guerrero, Veracruz, Michoacán, Guanajuato, Puebla, Campeche y San Luis Potosí, así como el Distrito Federal.

El libro Mercados y tianguis para el Día de Muertos se encuentra a la venta en las librerías Educal y tiene un costo de $240.

Source : Conaculta

© Conaculta




Día de muertos - Antología del cuento mexicano


Varios autores
Editor Debolsillo - 2001

Prologue de Jorge Volpi

Relatos de autores mexicanos de diferentes generaciones y trayectorias pero con una temática común.
Reseña :
Doce relatos escritos para esta publicación, con mucha presencia de escritores pertenecientes a la corriente literaria conocida como “generación del crack”, con prólogo de Jorge Volpi (que coordina y selecciona los contenidos de este volumen) y epílogo/relato de Guillermo Sheridan, que con la fiesta de los difuntos como hilo conductor desarrollan conceptos y valores relativos a esa celebración tan arraigada en la cultura mexicana con diferentes géneros, estilos, resultados y logros. 

La Generación del crack (o Crack) est un mouvement littéraire mexicain de la fin du 20e siècle. Il est notamment représenté par des auteurs tels que Jorge Volpi, Pedro Angel Palou ou Ignacio Padilla.

Au sommaire :

Los santos inocentes de Eduardo Antonio Parra
Optimistas de Rosa Beltrán
Melville no suele escuchar el sonido del viento de Mario Bellatín
Urbarat 451 de Adrián Curiel Rivera
Altar a solas de Alejandra Bernal
Huaquechula de Pedro Ángel Palou
El trueque d’Eloy Urroz
Novia de Azúcar de Ana García Bergua
Los cerros de cobrede Pablo Soler
Ajedrez de Martín Solares
Domingo de Guadalupe Nettel
El bienquisto a su pesar de Ignacio Padilla
Filípica contra altares de Guillermo Sheridan
Source


16 octobre 2013

La poussière des aïeux

Felix Pestemer (scénario et dessin)
traduit de l’allemand par Paul Derouet
Editions de l’an 2, 88 pages en couleur, paru en janvier 2012


Résumé de l'éditeur :
La scène se passe au Mexique. Eusebio Ramirez est le gardien du musée des Masques. Après une absence de vingt ans, il retourne à Oaxaca, pour faire la paix avec la famille Rojas. De ses anciens amis, plus aucun n’est en vie. Mais aujourd’hui, « Jour des Morts », ils reviennent faire la fête avec les vivants. La nouvelle du décès du jeune Benito Rojas fait remonter des souvenirs du passé. Eusebio prend la fuite. De retour chez lui, il se confie dans une lettre à Consuelo, la mère d’Eusebio.
Les différents chapitres de l’album relatent, à travers le témoignage de ce narrateur pas toujours fiable, les circonstances de la mort des Rojas, à des époques elles-mêmes diverses : XIXe siècle, révolution mexicaine, années trente, années soixante-dix, époque contemporaine. D’autres séquences, réminiscences de l’inspiration macabre d’un Posada, matérialisent les rêves d’Eusebio et nous entraînent dans une crypte pour célébrer la vie après la mort.
Fasciné par les rites funéraires du Mexique - pays dans lequel il a séjourné en 2005-2006, où la mort, loin d’être un tabou, fait partie de la vie quotidienne et est célébrée de manière éminemment festive -, Felix Pestemer signe un livre spectaculaire, entièrement dessiné au crayon, et dont l’esthétique rappelle celle des grands muralistes mexicains. Le récit contient de nombreuses allusions à des personnalités ayant marqué l’histoire du pays, comme le peintre Diego Rivera ou Léon Trotski.


La proximité calendaire du jour des morts, Día de muertos (et non pas día de los muertos comme on le voit souvent), est l’occasion de présenter ce bel album de Félix Pestemer. Découpé en plusieurs petites histoires agencées autour des membres d’une même famille sur plusieurs époques, les dessins font la part belle aux décors traditionnels de cette fête populaire. Calaveras, catrinas, calacas, altares chargés d’offrandes aux défunts parmi lesquelles on trouve alcool, cigarettes, leurs mets préférés, le tout sous d'abondants bouquets de zempaxochitl (ou zempaxuchitl voire cempasúchil - rose d'Inde, la dénomination botanique perpétue l'erreur de Christophe Colomb croyant "découvrir" les Indes, le nom devrait être rose du Mexique), l’auteur a parfaitement saisi et restitué l’ambiance du Día de muertos tel qu’il se déroule au Mexique. Nourri notamment de l’iconographie de José Guadalupe Posada, des tableaux de Diego Rivera, peuplés d'anonymes et de quelques personnages historiques, la lecture nous emmène au cœur d’un Mexique authentique à la ferveur immuable.
Les voyageurs présents au Mexique pendant le Día de muertos peuvent assister à sa célébration dans le petit village de Mixquic, dans les environs de Mexico DF. Des bus partent régulièrement du terminal Tasqueña pour San Andres Mixquic qui est le lieu incontournable pour assister à cette fête à proximité de la capitale.


L'Etat de Oaxaca est aussi l'un des endroits ou la fête des morts est spectaculaire, probablement car la population indienne y est nombreuse et ses traditions vivaces, el Día de muertos étant le produit d'un syncrétisme religieux entre des célébrations d'avant la conquête espagnole et la fête de toussaint catholique et du jour des défunts. Source.

 
A l'occasion du jour des morts, les mexicains rivalisent d'inspiration et d'humour pour écrire de courts poèmes autour de la mort, les calaveras. Celle de l'affiche ci-dessus dit :
 
La maigre (la mort) arrive, bien persuasive,
faisant sa promotion à coup de cloche
pour inviter les comparses
et leurs autels au cimetière.
 
Oaxaca et ses régions
se déguisent en squelette
et on entend les chansons
avec lesquelles on se distingue toujours.


La calavera de Casa Dely :

 


A noter qu'à Montpellier, pour célébrer el Día de muertos, un concours d'autels d'offrandes aura lieu du 1er au 3 novembre au restaurant La Chilanga. Un vote décidera du plus bel altar de muertos.


 
PhH

10 octobre 2013

Amérique(s) anarchiste(s)

 Colloque international organisé par le LLACS (Université Paul Valéry), à Montpellier, les 10 et 11 octobre 2013

L’essor des mouvements anarchistes américains à la charnière des XIXe et XXe siècles à donné naissance à un abondant matériel de propagande cherchant à la fois à sensibiliser, éduquer et émanciper des masses travailleuses souvent illettrées ou issues d’une immigration récente. Presse, écoles, littérature et arts plastiques : tout fut mis en oeuvre pour éveiller les consciences de populations hétérogènes, tant d’un point de vue économique et social, que linguistique et culturel.
Ce colloque a pour objectif d’étudier et d’analyser l’oeuvre journalistique, didactique et artistique de différents mouvements anarchistes américains. Les questions de fond et de forme seront bien entendu abordées, mais nous nous interrogerons également sur les stratégies mises en place pour la diffusion de publications souvent interdites, ainsi que sur les interactions entre création artistique et pensée libertaire.
L’ensemble de ces réflexions portera non seulement sur la période correspondant à l’« âge d’or » de l’anarchisme dans le Nouveau Monde, mais aussi sur les décennies qui ont suivi son déclin, voire sa disparition du paysage politique américain, sans oublier ses résurgences plus récentes, tant dans le domaine politique qu’artistique.


 
 

1 octobre 2013

La BD séduite par le Mexique (septembre 2013)

Deux nouveaux albums paraissent ces jours-ci avec le Mexique comme décor central. Chez Casterman tout d'abord, inauguration de la série Sauvage, du nom d'un lieutenant du corps expéditionnaire français au Mexique, lors de l'intervention française initiée par Napoléon III. Le premier tome s'intitule Les damnés d'Oaxaca.
Résumé de l'album : Juillet 1864, dans l’immensité aride et caniculaire du désert mexicain, des troupes françaises progressent péniblement. Elles font partie du corps expéditionnaire envoyé par les puissances européennes – dont la France de Napoléon III – pour se tailler un empire en Amérique, en profitant de la faiblesse de l’État mexicain.
Parmi les soldats, souvent des hommes de sac et de corde et de peu d’éducation entrés dans l’armée impériale pour la solde qu’elle procure, un jeune lieutenant, Félix Sauvage, tranche par sa prestance et son air farouche. Lui n’est pas devenu militaire au Mexique pour l’argent, mais pour venger une tragédie familiale. Et l’homme dont il cherche à retrouver la trace se trouve quelque part, comme lui, au sein de cette armée.
Sur la piste, les Français sont témoins de l’attaque de la malle poste de Chihuahua par des soudards mexicains et interviennent juste à temps pour sauver du massacre un journaliste américain en reportage et une séduisante jeune femme blonde, si intrépide qu’elle se lance seule à la poursuite de ses assaillants en fuite… (site bdgest.com)

L'album est dessiné par Félix Meynet et scénarisé par le prolixe et excellent Yann. L'histoire débute en 1864, trois ans après l'arrivée des troupes et un an après l'héroïque défaite française lors du combat de Camerone (30 avril 1863), dans la région des Tierras calientes, entre les états de Puebla et Veracruz.  Au Mexique, en zone tropicale, le climat change selon l’altitude du terrain. Les terres ayant une altitude comprise entre 0 et 700 mètres sont appelées Tierras calientes. Il s'agit de zones difficiles pour les européens. Au delà  d'une altitude comprise entre 700 et 1 600 mètres ; les Tierras templadas, au climat sain où la température est comprise entre 20 et 25 degrés. Plus haut, les Tierras frias, les terres froides ont une altitude comprise entre 1 600 et 3 200 mètres. Les premiers acteurs sont bien évidemment les légionnaires du régiment étranger du colonel Jeanningros. Les scrupuleux de la chose militaire apprécieront les détails et la conformité des uniformes à la réalité. Les amateurs d'anecdotes historiques découvriront avec plaisir la présence du Colonel Dupin, cher d'un corps de contre-guérilla dont on parle encore aujourd'hui les dans les montagnes entre Puebla et Veracruz. Quelques pages sont visibles sur les sites de Bdgest.com et des éditions Casterman. La difficulté pour le dessinateur est souvent de trouver cette lumière si particulière au Mexique, reflet de la chaleur et du poids du soleil, parfois augmenté de celui de l'humidité. On peut voir de belles réussites dans les albums Trio Grande (Adios Palomita) et 500 fusils. La sortie de cet album de 46 pages est accompagnée d'une édition de luxe en grand format.

Sauvage
Tome 1 : Les damnés d'Oaxaca
dessin : Félix, scénario : Yann
éditions Casterman, 09/2013

Autre époque, autres lieux avec Lucia, premier tome de la série Mexicana. L'histoire se déroule de nos jours, à la frontière entre Mexique et Etats-Unis, sur le Rio Grande pour les gringos, Rio Bravo pour les mexicains.
Résumé de l'album : Emmet Gardner, la quarantaine, est garde-frontière le long du Río Grande aux États-Unis. Un jour il découvre que son propre fils, Kyle, s'est mis à travailler pour un cartel local et que, pour prouver sa loyauté, il doit assasiner un dealer rival. Pour le sortir de cette sale histoire, Emmet décide de prendre les choses en main et de monter le coup lui-même. Sauf que le dealer en question se trouve être un agent infiltré des stup ! Autre problème : depuis le soir du meurtre, Kyle ne donne plus de nouvelles. Emmet décide alors d'aller le chercher de l'autre côté de la frontière, quitte à se jeter dans la gueule du loup... (site Bdgest.com)

Une preview est disponible sur le site précité. Nous sommes ici dans ce qui est désormais un schéma classique. Frontière, cartels, narcotrafic et des agences de lutte contre le crime organisé s'infiltrant aux mafias et parfois entre elles. La lecture des premières page amène un sentiment de déjà vu (cinéma) ou lu (narcolittérature). Si le dessin est plaisant, on regrettera le petit nombre de strips par page. Série prévue sur 3 albums.

Mexicana
Tome 1 : Lucia
dessin : Gilles Mezzomo, scénario : Steven Marten et Matz
éditions Glénat, 09/2013

26 juin 2013

Guet-apens

Sam Hawken
titre original : Tequila sunset
traduction de Mireille Vignol
éditions Belfonfd-noir, juin 2013


Présentation de l'éditeur : 
À Ciudad Juárez, les crimes se suivent mais ne se ressemblent pas... Après Les Disparues de Juárez, Sam Hawken nous entraine dans une oppressante et terrifiante plongée en apnée dans l'enfer des gangs de la frontière mexicaine. Corruption, meurtres et trafics en tout genre, une enquête sur le fil du rasoir, une terrifiante plongée dans l'enfer des gangs de la frontière américano-mexicaine.

À peine sorti de prison, Flip Morales est contacté par le chef du redoutable gang des Aztecas pour une délicate mission : transporter des « marchandises » entre la ville texane d'El Paso et sa jumelle mexicaine Ciudad Juárez. Alors que Flip s'était promis de rester clean pour la belle Graciela, le voici contraint de replonger... Pour Cristina Salas, pas facile d'assumer une vie de mère célibataire et un job d'officier de police. Depuis que les Aztecas ont fait d'El Paso leur nouveau terrain de jeu, la jeune femme est sur le pied de guerre. Mais qui aura le cran de briser la loi du silence ? Et si l'agent fédéral mexicain Matías Segura, le monsieur anti-criminalité de Juárez, pouvait l'aider à mettre fin au carnage ?

Alors que s'organise une vaste opération de nettoyage des deux côtés de la frontière, la vie de trois personnes s'apprête à basculer...

L’auteur :
Né au Texas, Sam Hawken a fait de nombreux séjours au Mexique, jusqu'à ce que la région devienne infréquentable en 2006, avec le début de la guerre du narcotrafic. Très marqué par l'histoire de ces centaines de femmes disparues dans l'État du Chihuahua, il s'est longuement documenté pour écrire son premier roman, Les Disparues de Juárez (2012), finaliste en Angleterre du prestigieux « New Blood » Dagger Award. Guet-apens est son deuxième roman à paraître chez Belfond. Il vit à Washington avec son épouse et leur fils.


Voila un nouveau livre avec Ciudad Juárez en toile de fond, avec guerre entre bandes criminelles, trafics divers et le tout qui gravite autour de la frontière mexicano-étasunienne. Cette frontière que ceux du nord voudraient infranchissable, est en fait, pour ceux du sud un véritable aimant. Depuis les années 1950 elle est le lieu de passage de toute la contrebande entre les deux pays, le sens des flux variant avec la nature des trafics.

Une nouvelle fois, l’illustration utilisée est une calavera, motif décidément très à la mode ces derniers temps, mode qui perdure puisque lancée par un anglais en 1601, revigorée par Jose Guadalupe Posada et maintenant par les graphistes modernes mexicains.

 
Calavera inglesa

Voir aussi : la littérature inspirée par Ciudad Juárez.
Voir aussi : calaveras

PhH

4 juin 2013

Les oies sauvages meurent à Mexico

Requiem pour les Saint-Patrick
Patrick Mahé
éditions fayard - février 2013

résumé de l'éditeur :
1846 : ils s'appellent John O'Reilly, Francis O'Connor, Patrick Dalton... Ils sont irlandais. Fuyant la Grande Famine qui ravage leur île, ils ont traversé l'Atlantique à bord de bateaux cercueils. Mais l'Amérique anglo-saxonne et protestante n'a que faire de ces nouveaux émigrants celtes qui n'ont pour richesse que la religion catholique... Les plus jeunes s'engagent dans l'armée, avec l'espoir que le sang versé leur vaille la reconnaissance de leur patrie d'adoption.
Mais l'accueil des gradés fait d'eux de nouveaux parias : sévices, punitions, humiliations... Alors ils désertent. Au-delà de la frontière texane, ils rallient le général Santa Anna, le tombeur de Fort Alamo ! Ainsi naît, au sein des troupes mexicaines, le bataillon des Saint-Patrick, alias Los San Patricios. Du Connemara au Rio Grande, leur destin tragique illustre un pan singulier de l'histoire du XIXe siècle, quand le Mexique s'étendait encore jusqu'à l'opulente Californie

Le souvenir de ces soldats irlandais se perpétue au sein du Batallón San Patricio de Mexico, groupe de musique fondé en 1997 pour le 150e anniversaire de l'histoire héroique de ces Irlandais et Ecossais qui se rangèrent aux côtés des mexicains lors de la guerre avec les Etats-Unis de 1847. La mission du groupe est de perpétuer la musique des cornemuses au Mexique, pour honorer la mémoire des membres du Batallón de San Patricio qui ont donné leur vie pour le Mexique.

L'orchestre organise cours et répétitions au Museo Nacional de las Intervenciones, au couvent de  Churubusco (métro Général Anaya). Ce lieu est symbolique car c'est la que se déroula la dernière bataille a laquelle prirent part les Saint-Patrick, le 20 aout 1847. Pour commémorer cet épisode, le Batallón de San Patricio donne tous les premiers dimanches du mois à 17 heures une cérémonie militaire (military tattoo) sur l'esplanade du musée.

Annonce du tattoo pour le 5 de mayo
 (crédit photo : Banda de gaitas del Batallón San Patricio)
 
A la feria de las culturas amigas, mai 2013
(crédit photo : Banda de gaitas del Batallón San Patricio)
 

La présentation du livre par son auteur dans l'émission de Philippe Vallet sur France-info le 29 mars 2013 : écouter l'émission.
 
 
PhH

30 mai 2013

Coup de sang

Enrique Serna
Titre original : La Sangre erguida
Traduit de l'espagnol (Mexique) par François Gaudry
éditions Métailié, mai 2013
Prix Antonin Artaud 2010

Splendeurs et misères de l’orgueil masculin. Soit un modeste garagiste mexicain qui a plaqué femme et gosses pour suivre à Barcelone une bombe dominicaine, chanteuse de salsa, aussi irrésistible qu’assommante. Soit un séduisant quadragénaire catalan, dont les femmes sont folles, mais qui est encore puceau à 47 ans parce qu’il se croit impuissant et qui en désespoir de cause a recours au Viagra. Soit enfin, ou presque, un acteur porno argentin en fin de carrière qui perd tous ses moyens sur un tournage après être tombé raide amoureux d’une jeune et jolie étudiante qui le croit chercheur en génétique… Quand ces trois-là se croisent, avec quelques autres qui font, ou pas, dans la dentelle, le cocktail est explosif.

Coup de sang est une tragicomédie sexuelle débridée, crue, farcesque, panique, un vaudeville délirant qui risque de choquer les belles âmes, dans lequel Enrique Serna déploie toute sa verve caustique et son humour féroce, entre passions et pulsions, entre triomphes et fiascos. Peinture au vitriol de la sexualité contemporaine, portrait grinçant du macho, mais aussi de l’hystérique moderne, ce Coup de sang d’un des plus talentueux et singuliers écrivains d’Amérique latine est un roman crépitant de folies diverses et variées, dont la lecture réserve, jusqu’au bout, bien des plaisirs et des surprises.

(résumé de l'éditeur)

Enrique Serna

Le changement d'éditeur, de L'atelier du gué pour Métailié depuis 2009 et le livre Quand je serai roi a entrainé un changement de traducteur. C'est maintenant François Gaudry qui s'y colle, en lieu et place de Marie-Ange Brillaud, MAB, qui publie quelques chroniques sur Casa Dely.

Pendant ce temps, au Mexique, Enrique Serna présentait le 30 mai 2013 son dernier livre, La ternura caníbal au foro cultural coyoacanense Hugo Arguelles, recueil de courtes histoires dans lesquelles Serna lache toute son ironie et sa noirceur saitirique.



PhH

15 mai 2013

El Día de Muertos, une marque déposée aux USA ?

Non, malgré le titre, nous ne sommes pas encore début novembre quand, les 1 et 2 de ce mois le Mexique célèbre el Día de muertos (jour des morts). Mais en ce mois de mai 2013, en prélude à un prochain dessin animé, la compagnie Pixar - Disney avait déposé une demande pour faire enregistrer à son bénéfice la marque "Día de muertos", titre du film d'animation à venir. Face au tollé provoqué au Mexique, dans la presse et les réseaux du net, et à l'impact très négatif de ces réactions, Disney a finalement fait marche arrière. Le Mexique l'a échappé belle une fois de plus.


L'information vue par TV Notas


C'est José Guadalupe Posada qui doit être content !


Comme le rappelle l'article ci-dessus, le Día de muertos a été reconnu dès 2003 comme patrimoine de l'humanité par l'UNESCO. Pour tout savoir sur cette incontournable fête mexicaine, Casa Dely vous recommande la lecture des trois numéros que la revue Artes de Mexico, édité par Alberto Ruy Sánchez, y consacre, revue qui est certainement une des meilleures publications sur les traditions populaires du pays.



Cette initiative avortée de Pixar rappelle la tentative d'enregistrement de la marque "Virgen de Guadalupe" par un chinois, Wu You Lin, pour 2 mil 400 pesos. Lire à ce sujet juridiquement complexe un article de La Jornada. A lire sur ce site un article sur les marques de vierges déposées.

PhH

14 mai 2013

Tsunami mexicain

Joe R. Lansdale
édition Gallimard Folio, avril 2013

Harp Collins et Leonard Pine sont deux habitants de l’East Texas. L’un est blanc, hétéro, démocrate, Harp, alors que Leonard est républicain, homo et noir. Ils sont amis « à la vie à la mort », et vivent donc ensemble de trépidantes et souvent très violentes aventures. Leurs appartenances sexuelles et raciales étant en plus une solution pour l’auteur de faire le portrait sociologique de leurs rencontres, en fonction des affaires auxquelles ils sont mêlés et où elles se déroulent.

Tsunami mexicain démarre en trombe. Harp sauve une jeune fille des mains d’un cinglé en train de la battre à mort, et touche de la part de son père une somme rondelette. Il va en profiter pour partir en vacances avec son pote. Ils choisissent une croisière sur le golfe du Mexique, première étape, Playa del Carmen. Leonard, entre autres traits d’un caractère affirmé est ombrageux. Une dispute avec un steward dégénère. Pour se venger, ce dernier leur communique de faux horaires sur les navettes entre le port de Playa et leur bateau. Ils vont donc se retrouver coincés au Mexique.

Comme de bien entendu, les ennuis leur fondent dessus comme la misère sur le pauvre monde. Les voila aux prises avec des agresseurs armés de machettes, policiers le jour à Cozumel, voyous le soir à Playa. Ils vont aussi rencontrer quelques figures mexicaines classiques du roman noir. Un vieux et pauvre pécheur qui trime pour financer les études de sa fille chez les gringos, et qui a contracté un prêt auprès d’un parrain local. Ce chef mafieux a des méthodes de zeta, à savoir qu’il a une forte tendance à démembrer à la machette ceux qui se mettent en travers de ses projets. Quant à la jeune fille, elle n’a pas vraiment brillé dans ses études et la voila plus ou moins obligée de vendre ses charmes pour aider son papa à rembourser le prêt. C’est au chant de cette sirène qu’Harp va céder, et mettre son nez, entrainant celui de Leonard, dans le monde dangereux du crime organisé mexicain de la péninsule du Yucatan. Ils vont à peine avoir le temps d'apprécier la quiétude de Tulum.

  Un aigle vigilant près d'un embarcadère de Cozumel

Les personnages de Joe R. Lansdale sont toujours attachants, loin d’être des super-héros, ils sont plutôt des altruistes de l’aide sociale, des redresseurs de torts rendant service à des gens de leur milieu c'est-à-dire le commun des mortels, des gens humbles doté d’un pouvoir économique limité et donc n’ayant que peu accès à la police ou à la justice des tribunaux. Joe R. Lansdale est un chroniqueur de l’Amérique profonde, particulièrement des états du sud, ou le langage est pour le moins imagé et souvent grossier, parfois excessivement d’ailleurs. L’auteur choisi également ses méchants parmi les pires représentants de l’espèce humaine : personnages sombres en rupture totale, adepte de la violence aveugle, sans conscience ni morale ni foi ni loi, rongés par la drogue ou l’alcool, et se comportant comme les pires prédateurs. Ses représentants mexicains ont donc gachette et machette faciles, ont dotés des penchants sadiques à faire frémir, s’en prennent aux plus faibles, trafiquent sur tout et notamment sur les objets d’art mayas et distillent à chaque instant un machisme exacerbé.

Fidèles à leur tactique, Harp et Leonard finissent par corriger les vilains, y laissent des plumes et les victimes collatérales sont nombreuses. C’est du roman noir, pas de l’eau de rose. Les chairs y sont meurtries, et les cœurs, pourtant pas d’artichauts, aussi. A travers l’histoire des protagonistes mexicains, Beatrice et son père Ferdinand, le mafieux Juan Miguel et son sicaire, Joe R. lansdale dresse un court mais percutant portrait des oubliés du tourisme de Cancun, dont les retombées en espèces ne profitent pas à tout le monde, et des migrants qui passent la frontière pour aller glaner quelques dollars et les renvoyer au pays, histoire de partager un – minuscule- bout du rêve américain. La collusion entre certains scientifiques et universités avec la mafia locale pour se procurer des objets issus de fouilles archéologiques sans passer par les circuits officiels est un sujet assez peu abordé et donc original.

PhH

7 mai 2013

Le printemps de FOLIO aux couleurs du Mexique

Primavera mexicana. Rien à voir avec des révolutions politiques vues dans d'autres pays du monde , ni même d'une résurgence du mouvement Yo soy #132, emmené par les étudiants mexicains il y a un an. Ce printemps 2013 fleurit sur les livres dont les couvertures se parent de couleurs issues de l'imagerie mexicaine, calaveras, tequila, mezcal, falda floreada ...  Folio, les collections au format poche des éditions Gallimard publient plusieurs livres ayant trait au Mexique, que ce soit par l'auteur, le thème ou le titre.

Mexico noir, présenté par Paco Ignacio Taibo II
Ouvrage collectif d'Eugenio Aguirre, Óscar de la Borbolla, Rolo Díez, Bernardo Fernández, Víctor Luis González, F.G. Haghenbeck, Juan Hernández Luna, Myriam Laurini, Eduardo Monteverde, Eduardo Antonio Parra, Julia Rodríguez et de Paco Ignacio Taibo II.
Traduit de l'espagnol (Mexique) par Olivier Hamilton.
Mexico, ville protéiforme et extravagante, gangrénée par la violence et la corruption, asphyxiée par la pollution, est au cœur de ces douze nouvelles. Flics pourris, narcotrafiquants, population métissée et apeurée, tous les éléments sont réunis pour faire de cette mégapole le théâtre de tous les crimes. 
(Présentation de l'éditeur). 

  Martini shoot, de F.G. Haghenbeck
Une enquête de Sunny pascal
(titre original : Trago Amargo)
Traduit de l'espagnol (Mexique) par Juliette Ponce

Un zeste d’érotisme et de glamour, un soupçon de jalousie et de rivalité, une bonne mesure de soleil et d’humour, quelques gouttes de chantage et de spéculations immobilières, mélangez pour obtenir un cocktail explosif à déguster sans modération ! Sunny Pascal, détective privé et surfeur, doit assurer la sécurité pendant le tournage à Puerto Vallarta de La Nuit de l’iguane, le film de John Huston. Le casting réunit aussi bien Liz Taylor, Richard Burton, Ava Gardner que Deborah Kerr et Sue Lyon... Autant dire que, pour tenir le coup, Sunny va avoir bien besoin de quelques verres.
(Présentation de l'éditeur).

Vif comme le désir, de Laura Esquivel
(Titre original : Tan veloz como el deseo)
Traduit de l'espagnol (Mexique) par Eugène Frédéric Illouz

« Ce qui m’émeut le plus dans les paroles, c’est leur capacité à transmettre de l’amour. Tout comme l’eau, les paroles se prêtent extraordinairement bien à la conduction du courant électrique. L’énergie amoureuse possède un énorme pouvoir transformateur, et mon père en avait à revendre ». En plongeant dans le passé de sa famille, Lluvia ressuscite une étonnante histoire d’amour. Celle qui unit Luca, d’origine bourgeoise, au télégraphiste Julio, capable de percevoir les pensées de ceux qui l’entourent. Pourquoi se sont-ils séparés ? Lluvia saura t-elle les réconcilier ?
L’auteur de Chocolat amer*, best-seller mondial, mêle le sourire aux larmes, la sensualité à la sensibilité. Elle nous offre, en hommage à son père, l’histoire d’une passion, entre tragédie et bonheur de vivre.
(Présentation de l'éditeur).
* : Como agua para chocolate, ndB

Tsunami Mexicain de Joe R. Lansdale

Une enquête de Hap Collins et Leonard Pine
(Titre original : Captains Outrageous)
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Bernard Blanc

Que faire quand on vous donne 100 000 dollars? Pour Hap Collins et Leonard Pine, la réponse est évidente : une croisière entre potes au Mexique. Très vite leur voyage prend une tournure inattendue lorsque le Sea Pleasure lève l’ancre en les oubliant à Playa del Carmen... Est-il utile de préciser que les ennuis n’ont que faire des frontières? Dans le golfe du Mexique comme au Texas, les méchants, les mafieux, les flics véreux et les bagarres sont au rendez-vous.
Le boson et le chapeau mexicain, de Gilles Cohen-Tannoudji, Michel Spiro
sombreo de mariachi

30 avril 2013

Festival Colibris à Arles (13), le 29 avril 2013

Alberto Ruy-Sánchez et son traducteur Gabriel Iaculli étaient de passage à Arles ce 29 avril dans le cadre de la sixième édition du festival littéraire Colibris. Au cours de cette rencontre, on a pu apprécier l'enthousiasme d'Alberto Ruy-Sánchez, ses talents de conteur et la capacité qu'il a à transmettre ses passions. Passions pour l'écriture, la lecture, les cultures du monde et notamment sa ville de référence Mogador, où il situe 5 de ses romans (aujourd'hui Essaouira au maroc), mais sans oublier ses racines mexicaines, son goût pour le baroque (une civilisation non-aboutie selon lui) et les traditions populaires mexicaines.

Mais pour qu'un livre soit partagé par les lecteurs de toutes langues, encore fait-il qu'il soit traduit, et bien traduit afin de ne pas trahir l'esprit de l'auteur. C'est cet exercice difficile qu'a présenté Gabriel Iaculli. Afin d'être au plus près de l'écriture d'origine, il se rend régulierement au Mexique, rencontre souvent l'auteur, s'immerge parfois en cas de vocabulaire spécifique dans les ambiances décrites. Ainsi, lorsque Ruy-Sánchez parlent de poterie, Iaculli se rend chez un potier pour ressentir les mêmes sensations que lui. Afin de ne pas faire d'erreur en matière de végétaux, il s'est rendu dans divers jardins botaniques au Mexique notamment celui de Oaxaca.

Cette initiative de Colibris de présenter le traducteur, travailleur de l'ombre, s'est révélée passionnante et a permis de mettre à l'honneur ce maillon incontournable de la chaine littéraire. Il est vrai que Gabriel Iaculli, auparavant chercheur en science humaines et sociales est un artiste. Modeste, il hésite à défendre le fait de faires de nouvelles traductions. Pourtant, il reconnaît qu'elles sont parfois nécessaires, lorsque la prédédente est "mauvaise" dit-il. Il cite en exemple ses derniers travaux sur une traduction de l'oeuvre de Juan Rulfo. Le premier traducteur, méconnaissant la géographie et les climats du Mexique, a "fait pousser en plein désert" des expèces tropicales. De même, lorqu'il parle de "collines", la où se déroule le roman de Rulfo, il s'agit de montagnes, "parfois colossales". Autant de petits détails faussés ou perdus lorsque le traducteur n'est pas "habité" de la même flamme avec laquelle l'auteur a choisi ses mots et la façon de les assembler.

Gabriel Iaculli (à gauche), Alberto Ruy Sánchez (à droite)


La conférence s'est terminée sur une recommandation commune d'Alberto Ruy-Sánchez et Gabriel Iaculli, la lecture du livre de Myriam Moscona, écrivain mexicaine qui a obtenu le prix Xavier Villaurrutia en 2012 pour son roman autobiographique, Tela de sevoya.

Quelques informations sur Ruy Sanchez et Iaculli sur le blog du Collège des traducteurs.


La rencontre avait pour trame le dernier roman traduit par Iaculli de Ruy-Sánchez, A mon corps désirant.
Résumé éditeur (Galaad éditions) :
« Où le somnambule, fidèle à ses obsessions, s’efforce de réfléchir jusqu’au moment où il manque d’être assassiné par un mari jaloux et où il est question de magnétisme plus minéral qu’animal qui régit la vie des corps désirants. »
C’est l’heure où, à Mogador, le soleil prend les amants par surprise. Zaydoun va sur la place de la Conque, cœur volubile de la ville. Il est le conteur de Mogador, mais il passe insensiblement de la place à la page, et vice versa. Distrait à chaque instant par le souvenir vivace de Hassiba, il s’est lancé dans une œuvre portée par les cinq courants de force de la Hamsa, la main du feu.
Un homme est assassiné. Par qui ? Pourquoi ? À la place du corps est retrouvé un vase en terre cuite racontant la vie du défunt, qui n’est autre que Zaydoun. C’est alors que les fragments de son corps révèlent, entre rêves et souvenirs, sa quête obsessive du désir. Mais pourquoi Tarik le potier, artisan de l’amour et artiste aussi obsessionnel que passionné, a-t-il fabriqué cette céramique ? Quel est le lien secret qui unit les deux hommes ?
PhH