27 mars 2021

Les mutations

Jorge Comensal
traduit de l'espagnol (Mexique) par Isabelle Gugnon
éditions Les escales, 08-2019

 

Présentation de l'éditeur

À cinquante ans, Ramón, avocat brillant et patriarche conservateur, découvre qu’il est atteint d’une forme rare de cancer. Son seul espoir de guérison : une amputation de la langue. Une tragédie pour celui dont la verve faisait le succès professionnel. Autour de lui gravitent sa femme Carmela et ses deux ados – plus intéressés par le karaoké et la masturbation que par leur réussite scolaire – et enfin Elodia, la dévote et dévouée employée de maison, convaincue qu’un miracle est encore possible.
Mais qui pourra réellement l’aider à traverser cette épreuve ? Teresa, sa psy amatrice de petits gâteaux au cannabis ? Benito, son perroquet blasphémateur et fidèle confident ? Ou bien les représentants de la médecine conventionnelle, persuadés d’accéder à la gloire grâce au cas unique de Ramon ?
Perdu dans les méandres de la maladie et accablé par les dettes, le chef de famille est bien décidé à concocter un plan pour se sortir de cette impasse dignement.

Un premier roman brillant, caustique et érudit : lorsque Ramón, avocat renommé, perd l'usage de la parole, c'en est fini de sa vie tranquille. Entre superstitions et médecines alternatives, il embarque sans le savoir dans une épopée tragi-comique

 La fiche du livre sur le site Lisez.com

 

Las mutaciones
editorial Seix Barral 

Una tragicomedia llena de humor y ternura. Un debut extraordinario.

Ramón Martínez es un abogado de éxito, un ateo convencido y un padre de familia como otro cualquiera. Pero todo cambia el día que Ramón tiene que ser operado y pierde la lengua —y con ella la capacidad de hablar— y comienza para él una silenciosa tragicomedia. Carmela, la mujer de Ramón, comenzará a tener discusiones diarias con un marido que no puede contestarle; Paulina y Mateo, sus hijos adolescentes, tendrán que afrontar la nueva situación mientras lidian con sus propias obsesiones (la obesidad y el onanismo). Elodia, la asistenta supersticiosa, busca una cura milagrosa para su jefe, que acude a terapia con Teresa, una psicoanalista, que cultiva marihuana en su ático. En medio de todo este barullo, Benito es el nuevo miembro de la familia: un loro de una especie en peligro de extinción con el que, paradójicamente, Ramón se comunica mejor que con sus seres queridos y que es capaz de blasfemar y gritar todo lo que Ramón no puede.
Contada con un humor tierno y a veces un poco negro, esta tragicomedia nos muestra una familia como todas: con su día a día, con sus problemas, con su dosis de amor y de risas, y también, como en la vida misma, con su dosis de mala suerte y de lágrimas. Y con un loro.

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20 mars 2021

Barrier

Brian K. Vaughan (scénario)
Marcos Martin (dessin)
éditions Urban Comics, 10-2019


Présentation éditeur

Liddy, propriétaire d'un ranch, vit à Pharr, ville du sud Texas. Elle est sur le point de faire une rencontre inattendue : celle d'Oscar, un Hondurien qui a réussi à franchir la frontière mexico-américaine. Sur les terres de Liddy, Oscar se retrouve braqué à bout portant par la Texane. Mais tout à coup, une troisième entité intervient et les kidnappe... Liddy et Oscar s'entraident bien malgré eux, obligés d'unir leurs forces pour tenter de s'enfuir. Ils réalisent peu à peu que ce qui les séparait n'est rien face à cette rencontre du troisième type !

BARRIER est une nouvelle réflexion éclairante des auteurs de PRIVATE EYE sur notre société, et une exploration de la nature humaine dont nous limitons le potentiel par méconnaissance de l'autre. Au-delà de ce qui pourrait n'être qu'une déclaration d'intention, BRIAN K. VAUGHAN et MARCOS MARTIN proposent une véritable expérience linguistique à leurs lecteurs. Conformément à leur projet, certains passages de cet album ont été conservés en espagnol. Aussi, il faudra au non-hispanophone s'investir dans une lecture active et aller au-devant d'une langue peut-être inconnue pour comprendre le parcours d'Oscar. Faire un pas vers l'autre et sa culture en quelque sorte...

 

Dans un bout de désert, au Texas. Un homme effectue une ronde avec son 4/4. Il passe un panneau sur lequel il est inscrit, en anglais et en espagnol, que les intrus seront abattus. Il roule depuis un moment, le soleil se couche. C'est alors que son regard est attiré par un objet qu'il aperçoit le long de la piste. Il descend du véhicule et laisse échapper un juron. Le voici désormais accroupi, en train de scruter ce qu'il reste de la tête d'un cheval. Le pauvre animal a été écorché et ses orbites sont vides. L'homme décroche son mobile et appelle son boss. Liddy est la propriétaire du ranch et de ses terres. C'est une veuve et elle comprend que cette tête de cheval, c'est le signal qu'un cartel lui adresse, pour lui faire comprendre que ses panneaux d'avertissement ne les impressionnent pas et qu'ils ont décidé, d'une façon ou d'une autre, de prendre un itinéraire qui passe par chez elle... De l'autre côté du continent, à San Pedro Sula, la seconde ville du Honduras, Oscar est un jeune homme qui va fuir le pays. Le meilleur avenir qu'il puisse se construire, c'est aux États-Unis qu’il le projette, alors il embarque dans un camion et commence un long périple qui va le conduire jusqu'à Liddy...

 

La fiche du livre sur le site de l'éditeur
 

Les formes d'un soupir

Hubert Antoine
éditions Gallimard, 03-2021

 

Présentation de l'éditeur

« Le vent porte le corbeau. Toi et moi, nous sommes le vent. »

Grâce à une expérience hallucinogène, un libre-penseur mexicain parvient à entendre de nouveau la voix de sa fille, Melitza, assassinée pendant l'insurrection d'Oaxaca, deux ans auparavant. Elle lui relate ses derniers instants auprès d'Evo, un chaman huichol qui va lui offrir, à travers un étourdissant rituel d'oubli, la plus romantique des métamorphoses.
Road movie au pays de Quetzalcóatl, le deuxième roman d'Hubert Antoine défonce les portes du deuil, supprime les frontières entre morts et vivants pour révéler un Mexique toujours aussi captivant dans les plus ardentes couleurs de l'intensité

La fiche du livre sur le site de l'éditeur

13 mars 2021

Les larmes du cochon truffe

Fernando A. Flores
éditions Gallimard, 09-2020

 

Présentation éditeur

 

Ce n’est pas un mur, mais deux qui séparent le Texas du Sud du Mexique sous le regard perçant des Protecteurs de la frontière.
Les cartels alternent exécutions sommaires, intimidations et représailles avec la même violence que les narcotrafiquants d’aujourd’hui. À cette différence près que leur fructueux trafic porte désormais sur les têtes réduites d’indigènes et les objets d’art amérindiens.
Dans ce monde de demain dominé par la corruption, la cupidité, le racisme et les inégalités, Bellacosa, veuf désabusé, recherche son frère, probablement victime d’un enlèvement. En compagnie du journaliste Paco Herbert, qui enquête sur un autre marché scandaleux, il assiste à un banquet clandestin et hors de prix où l’on sert des espèces animales disparues, reproduites selon un procédé appelé la Méthode. Ils y rencontrent le cochontruffe, inoubliable créature, mythique et hautement symbolique.
C’est ici que le réalisme magique rejoint le roman noir.

Source

 

6 mars 2021

Tristessa

 Jack Kerouac
éditions Gallimard, 04-2013

 

La peau sur les os, mais une peau de pêche et de café, et ça suffit pour faire une femme, une "Tristessa" - bien nommée, il faut le dire, entre cauchemar et veille - une Aztèque des faubourgs aux yeux athées, douloureuse comme le Mexique où se tapit, dans des ruelles sombres encombrées d'odeurs, l'autre côté du rêve américain, ce miroir sans tain.

Et ça suffit pour faire un livre qui "change la langue", rempli d'anamorphoses extravagantes, phrases inachevées, mots tordus, rapiécés, inventés, impossibles. Un roman mystique et déglingué comme les vrais chagrins d'amour. Désir ou délire, drogue ou Nirvana, amour ou fantasme, nuit blanche ou éternité...

Une seule certitude, le texte lui-même, dévergondé, abandonné, il tourne autour de ce corps d'Indienne, corps malade et merveilleux, tel un papillon autour d'une ampoule nue allumée dans le noir.  

Entre poésie et sentiments rapiécés, Tristessa nous invite dans une relation impossible entre Kerouac et la prostituée Esperanza Villanueva. Dans un Mexique miséreux, souffreteux, les êtres erratiques survivent dans la religion ou le réconfort d'une cuillère chauffée à la bougie.

 

 « Cette façon qu’elle a de se planter au beau milieu de la pièce avec les jambes écartées pour discuter, Tristessa, on dirait un camé au coin d’une rue de Harlem ou de n’importe où dans le monde, Le Caire, Bombay, dans ce monde où on se tutoie du nord des Bermudes aux confins de l’Arctique, là où la terre se déploie comme une aile d’albatros, mais la drogue qu’on prend là-haut, chez les Esquimaux dans les igloos au milieu des phoques et des aigles du Groenland est moins nocive que la morphine germanique que cette Indienne doit subir à en mourir dans la terre de ses ancêtres. »

En racontant son amour pour Tristessa, jeune prostituée mexicaine, Jack Kerouac nous offre l’un de ses récits les plus poignants, prière à une nouvelle Madone, perdue dans les cercles du désir et du manque.

 Fiche du livre sur le site de Folio

 

L’attachement de Kerouac au Mexique s’est également exprimé dans le court roman (ou longue nouvelle) qu’il a intitulé Tristessa. Le personnage donnant son nom au livre est basé sur une rencontre réelle, celle d’Esperanza Villanueva – femme mexicaine, prostituée et toxicomane, connue par Kerouac en 1955 par l’intermédiaire de Bill Garver. Il en fait une image emblématique d’un Mexique tragique et souffrant dans une misère surréaliste (il faut lire les descriptions que fait Kerouac du taudis où habite Tristessa avec sa sœur, ainsi qu’El Indio, un autre toxicomane, des volailles, un petit chat « rose », un petit chien chihuahua, etc…) Tristessa est montrée comme une « Indienne pauvre – pareille à celles que l’on devine dans l’obscurité épaisse des entrées d’immeubles, on dirait seulement des trous d’ombre et non des femmes, mais si on y regarde à deux fois, alors on reconnaît la mujer courageuse et noble, mère, femme, la Vierge du Mexique – Dans un coin de la chambre de Tristessa il y a une énorme icône » . Kerouac identifie Tristessa à une Madone (« cette Madone triste et bleue et mutilée ») et en même temps à une mystique indienne (« elle connaît le karma… ») héritière d’une sagesse ancestrale : « elle vérifie en elle-même cette sombre croyance aztèque, cette sagesse instinctive… ».

Lire l'article "Le Mexique de Jack Kerouac " sur le site de La Revue des Resources