24 janvier 2012

Mexicali city blues

Gabriel Trujillo Muñoz
Folio policier - 2011
Traduction Gabriel Iaculli

Angel Morgado est contacté par Cecilia Montaño, son amour de jeunesse, dont le mari a disparu. Ce dernier, gringo et pilote d’hélicoptère, transportait des scientifiques qui recensaient certaines espèces de cactus très rares dans le désert de Baja California Norte. Parti de Mexicali, capitale de l’Etat, il n’est jamais rentré. Les restes de l’hélicoptère qu’on présente à Morgado ne lui paraissent pas très convaincants. De même, le Parti Naturaliste mexicain, organisation écologiste qui a engagé Jésus Bull Aguirre, mari de Cecilia, se révèle rapidement être une officine fantoche.

Comme à sa courte habitude, 90 pages, Gabriel Trujillo Muñoz nous entraine dans une enquête expéditive de son héros, l’avocat Morgado. Une fois encore il pourfend les manques de la police mexicaine, sa corruption et, quand elle n’est pas corrompue, sa bureaucratie pesante qui garanti une inefficacité rare. Il ajoute cette fois la dimension internationale, en citant expressément les Etats-Unis comme complices, passif ou actifs selon le cas, dans le trafic de drogue qui fait de la frontière mexicano-étasunienne un des hauts lieux planétaires des flux de stupéfiants. Il ne manque pas l’occasion, à travers son Parti Naturaliste Mexicain, de railler le Partido Verde Ecologista Mexicano, parti officiel des Verts au Mexique, qui n’a de vert que le nom et les quelques plumes du toucan qui lui sert de logo. C’est un parti aux idées réactionnaires, il a récemment mené une campagne pour le rétablissement de la peine de mort au Mexique, pour qui l’écologie n’est qu’un mot destiné à capter quelques voix, naïves, pour le compte des coalitions électorales auxquelles il participe. Coalitions aux géométries variables puisque le PEVM, selon le temps et le lieu, peut être allié à la droite (PAN), au centre droit (PRI), plus rarement à la gauche sociale démocrate (PRD) et quasiment jamais à la gauche de la gauche (PT). C’est une organisation familiale dans laquelle la charge de président se transmet de père en fils. Les organisations écologistes mondiales ne reconnaissent plus le PEVM comme membre de leur famille politique.

En si peu de page, Gabriel Trujillo Muñoz ne peut évoquer tous les tenants et les aboutissants de la situation mexicaine. Son roman est juste une photo instantanée sur laquelle on peut voir tous les acteurs et leurs territoires de prédilections, les complices - par actions ou ommissions -, les méthodes et toutes les combines utilisées par le crime organisé. Ce survol a le mérite de la clarté.
Ceci dit, ce nombre de pages réduit est idéal pour se distraire dans un voyage d’une heure et demie, un vol Mexico DF / Cozumel en avion, par exemple.

Ph. H.

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