de Guillermo León Tequio Mexico, teatro de la Capilla, théâtre de l'Elysée (Lyon)
à partir de "Cher Diego, Quiela t'embrasse" d'Elena Poniatowska
Diego Rivera, le célèbre muraliste mexicain, s’est marié trois fois. Si on connait particulièrement bien sa dernière femme, la peintre Frida Khalo, on entend déjà moins parler de sa seconde épouse Guadalupe Marin. Quant à la première, Angelica Beloff, elle est quasiment inconnue. A partir des lettres d’Angelina à Diego, alors qu’elle est à Paris et lui au Mexique, l’écrivain Elena Poniatowska va écrire « Cher Diego, Quiela t’embrasse », Querido Diego, te abraza Quiela. Ces lettres écrites dans les années 1920 relatent la vie d’Angelina à Paris, saisie par le « froid qui vient d’Alsace et de Verdun », la pneumonie de son fils puis la mort de celui-ci, et enfin sa solitude.
Le texte d’Elena Poniatowska a été adapté pour le théâtre à travers la pièce « Quiela », monologue joué en France par Odille Lauría. L’œuvre est très prenante, reflet tragique de la triste vie d’Angelina lors de son séjour parisien. Alors qu’elle est russe, elle trouve le froid de Paris plus terrible que celui de Saint Petersbourg, sa ville natale. Un froid qui lui enlève son fils sans que Diego ne s’en soucie. Lui est tout à sa peinture, à la recherche de la lumière des impressionnistes, à d’autres conquêtes féminines aussi. Indulgente devant le génie du maître, Angelina, elle même peintre sous le nom de Quiela, devient féroce et haineuse lorsque le peintre, cet hijo de puta, ne manifeste aucune émotion à la mort de son propre fils. Au contraire, il semble même soulagé d’un poids. Être seule en scène avec un texte de plus d'un heure est déjà une performance. Jouer avec passion toute une gamme de sentiments, joie, colère, espoir, déprime, en est une autre. Avec un décor et une mise en scène minimalistes et ce jeu très juste d’Odille Lauría, on ressent tout ce qu’Angelina a pu supporter à Paris, mais aussi 10 ans plus tard. En effet, grâce aux méandres du destin et à de généreux amis, Angelina pourra se rendra à Mexico. Invitée à une cérémonie ou sont présents de nombreux artistes, elle y retrouve Diego Rivera. Leurs regards se croisent. Il ne lui adressera pas la parole. L’a-t-il même reconnue ?*. Entre ses aventures extraconjugales du temps de Guadalupe puis de Frida, et sa conduite terriblement méprisante avec Angelina, l’image de Diego Rivera est un peu plus écornée. Un peintre brillant, certes, mais aussi un sacré sale type.
Ph.H.* : Marié à ce moment à Guadalupe Marin, dont la jalousie (ô combien justifiée) était légendaire, on peut, à la décharge de Rivera, envisager qu’il ait choisi d’ignorer Angelina pour éviter une scène. Ça reste une pure hypothèse.
Quiela
Autor : Guillermo León, a partir de la novela "Querido Diego, Te Abraza Quiela"
de Elena Poniatowska.
Dirección escénica: Guillermo León
Elenco: Odille Lauría
« Quiela » es un monólogo que tiene como protagonista a Angelina Beloff, la primera esposa del célebre pintor mexicano Diego Rivera, con quien se encuentra en el París de principios del siglo XX. Es el París de Picasso, Gris, Modigliani; ambos están allí buscando encontrar SU pintura y compartiendo el hambre, la miseria, la enfermedad, el frío, la guerra… y las múltiples andanzas de Diego. Al morir el único hijo de la pareja, Diego no lo soporta y regresa a su tierra. Angelina, Quiela, se queda en París, esperando a que su marido le envíe el dinero necesario para que ella pueda alcanzarlo en México. Pero Diego no lo hará. Diego no volverá nunca.
(Teatro de la Capilla, Coyoacan, Mexico DF)
En soixante pages d’une pudeur et d’une discrétion exemplaires, Elena Poniatowska évoque ici la dévastation provoquée dans la vie d’Angelina Beloff par le départ de son amant, le peintre mexicain Diego Rivera. Dans ce récit épistolaire à une voix, c’est l’autre voix, celle de l’absent, qui par son silence donne à la solitude d’Angelina les dimensions du tragique. Le roman d’Elena Poniatowska est, depuis sa publication en 1978, l’un des livres les plus lus au Mexique. A découvrir comme il fut écrit : passionnément !
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