8 janvier 2022

Les mortes

Jorge  Ibargüengoitia
traduit de l’espagnol (Mexique) par Dominique Fisher
éditions Gallimard - série noire, 02-1996
éditions Cambourakis, 06-2021

Présentation de l'éditeur

Archangela et Seraphina ne sont pas des anges mais plutôt des maquerelles.
Et quand une loi interdit la prostitution, les deux dames sont bien obligées de cacher leur personnel dans une maison close désaffectée, en attendant des jours meilleurs. La justice et la prostitution n'ont jamais fait très bon ménage. Mais les dames recluses et inactives finissent par avoir des montées de fièvre, si bien que certaine viennent à mourir d'étrange façon.

 

 

Basé sur des faits réels, le livre raconte l'histoire des sœurs Valenzuela qui a défrayé la chronique en 1964 au Mexique, connue sous le nom de "Las Poquianchis". Quatre sœurs maquerelles exploitaient des jeunes filles séquestrées dans des bordels à 200km de Mexico. L'histoire criminelle est tellement exceptionnelle que Dominique Fisher, traducteur et préfacier la présente comme canonique des tueurs en série au Mexique. Las Poquianchis sont à ce pays ce que Landru est à la France, Jack l'éventreur à l'Angleterre ou Al Capone aux Etats-Unis. L'auteur raconte les faits de façon romanesque et détachée, à grand renfort d'humour noir, dans une ambiance semblable à celle de L'Auberge rouge de Claude Autant-Lara, Fernandel en moins. Jorge  Ibargüengoitia, écrivain au talent reconnu et récompensé, utilise un style littéraire qui rend la lecture très agréable. On frémit souvent face aux traitements que subissent les prostituées contraintes malgré le ton très neutre volontairement adopté par l'auteur qui veut par la prendre le contre-pied des chroniques amarillistes qui se répandent après que l'affaire ait été dévoilée. Au delà des nombreuses exactions commises par les sœurs, le livre dénonce toutes les complicités et corruptions de militaires, notables, avocats, policiers, élus, fonctionnaires ... qui ont permis à cette tragédie de se dérouler sur 20 ans dans un État (Guanajuato) aux portes de Mexico. Souvent enlevées à des familles pauvres, revendues pour quelques milliers de pesos illustrant bien l'adage mexicain "la vida no vale nada", nourries avec quelques tortillas et haricots quotidiens, le sort des filles étaient abominable. Mais plutôt que de se complaire dans des descriptions sordides, l'auteur a choisi de privilégier l'étude de l'atmosphère générale du pays qui a permis que ces faits se déroulent sur une période aussi longue avant que la justice ne s'en mêle. Si le livre n'aborde "que" le cas d'une dizaine d'assassinats, les sœurs Valenzuela ont été condamnées pour la mort de 91 personnes (assassinats et infanticides), et on estime à 150 le nombre total de victimes. Pour l'auteur, là est le véritable scandale, la véritable honte pour le pays : le niveau de corruption qui gangrène déjà la haute société, l'absence de considération pour les femmes de ces clients appréciant la jeunesse de filles parfois de moins de 15 ans, l'exploitation de la pauvreté, la traite d'êtres humains et l'absence de réaction de la police de la justice et de la société avant que l'affaire n'éclate. La lecture de ce livre écrit en 1977 sur des faits jugés en 1964 donne un début d’explication à la montée de la violence, à la multiplication des féminicides et aux pouvoirs pris par le crime organisé dans le Mexique contemporain.

PhH

 

L'auteur
Jorge Ibargüengoitia Antillón (1928 - 1983) est né à Guanajuato. C'est un écrivain et dramaturge mexicain. Il remporta un grand succès avec ses récits satiriques, comme Las Muertas (Les Mortes), Dos Crimenes (Deux crimes), et Los Relámpagos de Agosto. Parmi ses pièces, Susana y los Jóvenes et Ante varias esfinges remontent toutes deux aux années 1950. En 1960, Ibargüengoitia  reçut le prix littéraire de la ville de Mexico.Dans ses romans, il s'inspire souvent d'événements réels, qu'il traite d'une façon sardonique. Pour Les Mortes (1977) il traita du plus horrible fait divers de son état de naissance : l'histoire des sœurs Delfina & María de Jesús González, deux tenancières de bordel, chez qui on retrouva 91 cadavres en 1964. 

 

L’édition de 2021 aux éditions Cambourakis

 

Las muertas
editorial RBA libros

Si al despertarse, Simón Corona se hubiera vuelto a su casa, los crímenes de Las Poquianchis habríanpermanecido ocultos. Pero el destino tenía escrita otra historia. El reencuentro con Serafina Baladro, su amante, lecostará a Simón Corona cuarenta y ocho balas de calibre reglamentario, y aún así se librará de la muerte. Pero tambiénle valdrá una confesión ante el inspector Teódulo Cueto: una vez ayudó a Serafina y a su hermana Arcángela a trasladarel cadáver exhumado de una mujer.La obra maestra de Jorge Ibargüengoitia es la extraordinaria recreación de un casoreal que conmocionó el México de los años sesenta, cuando aparecieron varios cadáveres de prostitutas en distintaspropiedades de las dos madame, dueñas de tres burdeles. Las muertas está construida a partir de diversos testimonios,voces que se reúnen para dar forma a un universo literario único.

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